mardi 16 décembre 2008

Dominique PECAUD : Voyage dans la ville fantôme



J’aimais leur terre qu’ils avaient souillée plus encore qu’au moment où elle était un paradis, et seulement parce que le malheur y était apparu.

F. Dostoïevski, Le rêve d’un homme ridicule

Pourquoi aller à Tchernobyl ? Une semaine passée à Kiev, à moins de cent cinquante kilomètres du « point-zéro » de la célèbre centrale fut l’occasion d’un retour sur soi. Il se traduisit par une réflexion sur la compassion. Cette réflexion fut aussi l’expérience d’un voyage intérieur. Mais de quel voyage s’est-il agi ? De quelle compassion fut-il question ?

La compassion est un sentiment qui permet le déploiement de soi dans un rapport intentionnel à l’autre, l’autre étant ressenti comme un autre soi-même. Ce sentiment est avant tout altruiste. Il exige de prêter attention à l’autre. Mais cette orientation vers l’autre comporte un retour sur soi. Si la compassion vise l’autre comme sujet de souci, elle alimente le souci de soi. Si la compassion est moralement altruiste, elle est psychologiquement égoïste.

Mais l’égoïsme nécessaire à l’épreuve de la compassion enferme le risque de participer à l’oubli de l’autre. Quelle reconnaissance du degré d’humanité de l’autre permettrait donc de sortir du danger solipsiste inhérent à l’expérience de la compassion ? Éprouver une difficulté pour répondre à cette question traduit la difficulté à envisager le souci de soi dans le cadre d’une humanité qui n’exclut aucun être, qu’il soit humain ou non-humain.

À travers le surgissement spectaculaire des lieux, le voyage à Tchernobyl devient la source d’une expérience de la compassion. Pourtant, le voyage se veut confrontation à la souffrance engendrée par la folie technique. Mais proclamer a priori l’universalité de cette souffrance suffit-il à éprouver une compassion à la hauteur de la souffrance éprouvée par les victimes de cette folie ? La proclamation hâtive de l’universalité éloigne cette possibilité. Elle néglige la lenteur nécessaire au cheminement compassionnel qui exige que l’autre puisse d’abord être considéré comme un autre soi-même. La confrontation au réel proposé empêche cette lenteur. La sollicitation brutale des lieux, le surgissement de quelques objets familiers expulse l’autre. Frappés par le spectacle proposé, aveuglés par la mise en scène involontaire de l’horreur, ne pleurons-nous plus que sur nous-mêmes ?

C’est fou comme on photographie Tchernobyl à Tchernobyl. C’est fou comme on se photographie devant le sarcophage de la centrale, comme si l’incertitude de notre présence était levée par la silhouette médiatisée. Le « monument » de Tchernobyl témoigne de l’accomplissement du voyage. L’exploit d’une résidence fût-elle provisoire devient incontestable. Environ trois mille visiteurs annuels pris en charge par deux opérateurs visitent Tchernobyl. L’association Pripyat.com fondée et animée par des anciens habitants de la ville éponyme cherche à maintenir la mémoire du lieu et à favoriser la venue des anciens résidants. L’autre, une organisation privée, souligne, dans la rubrique What to see du guide touristique de Kiev, l’originalité du produit proposé. « It’s not every trip abroad you have the chance to visit the site of the world’worst nuclear accident, is-it ? ».

Aller à Tchernobyl, ce serait marcher, sur les traces d’une humanité présente et disparue. Chacun ferait l’expérience du sentiment de compassion en face d’une humanité mimétique, définie par le spectacle de ce qui la menace et la détruit. Touristes occidentaux avides de sensations, ukrainiens, russes et biélorusses venus voir ce qu’on leur a caché à l’époque. « Liquidateurs » venant mesurer avec modestie un exploit réalisé comme en état de guerre, la guerre contre l’atome. On croise à Pripyat des photos abandonnées le jour du départ ou déposées depuis dans des reliquaires improvisés. Elles sont là pour témoigner de la présence passée ou de la disparition présente. On peut trouver des jouets, des objets de cuisine, des petits mots qui organisaient la vie quotidienne. On peut côtoyer tout ce qui peut lier le voyageur à l’intimité des habitants « déplacés » et que les pilleurs ont laissé sur place par manque de valeur marchande. Le reste a disparu. On peut même voir des objets que des journalistes peu ou trop scrupuleux ont mis en scène pour mieux rendre compte du malheur passé. Faudrait-il donc parfois montrer plus pour donner à voir juste ?

La vision de la ville de Pripyat abandonnée par sa population de cinquante mille personnes trente-six heures après l’explosion du réacteur numéro quatre, cette ruine urbaine qui se fabrique depuis vingt ans pourrait aider le voyageur introspectif à mesurer l’humanité de sa relation aux autres, ceux qu’il ne connaît pas mais dont il a décidé une fois pour toutes qu’ils lui ressemblaient. Plus nous serions convaincus que les morts ou les absents nous ressemblent, plus notre trouble deviendrait grand et généreux. Frères humains

Cette vision de l’extérieur que livre la résidence provisoire de Tchernobyl peut-elle devenir expérience intérieure ? Le voyage devient immobile, à distance. La compassion apparaît sous les traits d’un soliloque intime et silencieux qui se veut orienté vers les autres, ceux de Tchernobyl, les morts comme les absents d’aujourd’hui. C’est comme si le spectacle proposé se contentait des ombres ou des échos. Un spectacle ressenti.

Prenons garde ! Faire l’expérience de cette empathie ne garantit d’aucune manière de sortir du solipsisme que contient l’expérience du sentiment de compassion. Pleurer sur le sort des autres, ce n’est peut-être que pleurer sur soi-même. Pleurer sur les autres, c’est anticiper sur notre propre sort, celui d’aujourd’hui ou celui qui est à venir. C’est anticiper sur notre disparition, le grand malheur qu’elle peut représenter pour nous-mêmes comme pour ceux dont nous pensons qu’ils tiennent à nous. Mais ce n’est que nous qui mesurons cela. Ceux qui nous font souffrir de leur souffrance restent indifférents à celle-là. L’expression du sentiment de compassion s’inscrit dans un retour sur soi à peine exprimable. Son épreuve indique aux autres combien nous nous aimons trop ou mal, trop et mal. Par l’expression de cet amour de soi excessif ou monstrueux, nous leur faisons savoir, sans que nous le sachions nous-mêmes, que nous leur interdisons l’amour altruiste qu’ils pourraient ou auraient pu nous offrir.

Comment donc sortir du solipsisme compassionnel pour éprouver à travers l’autre le sentiment d’une réelle universalité de l’humanité ? Est-ce possible de le faire ? Aller ou ne pas aller à Tchernobyl renvoie au statut de l’objet à partir duquel un sentiment compassionnel qui ne serait pas uniquement solipsiste pourrait être éprouvé. Quelle est la familiarité avec l’objet sur lequel il porte et qui devient nécessaire pour éprouver l’universalité de l’humanité sans que celle-là nourrisse le leurre d’un narcissisme qui nous cloue à nous-même ?

Quand Tchernobyl tours offre « a trip to a ghost town », l’épreuve de l’immobilité, du retour sur soi pour faciliter le retrait de soi devient nécessaire. C’est la condition pour rendre à Tchernobyl son humanité. Cette épreuve peut aider à gommer de ce lieu l’inhumanité dans laquelle l’explosion du réacteur n°4 l’a plongée le vendredi 26 avril 1986 à une heure du matin. Elle aide aussi à écarter l’illusion d’une identité construite sur le spectacle, fut-il mortifère, spectacle qui menace toujours l’épreuve du sentiment de compassion.

Maxime[1] est revenu à Tchernobyl. Il a relevé les traces du bonheur de ce lieu alors habité. Seuls ceux qui ont vécu à Pripyat avant l’explosion possèdent ce pouvoir. Maxime témoigne de l’intimité de son voyage. Il n’a de cesse de retrouver les lieux et les objets du bonheur d’être enfant : un magasin de jouets, une balle en caoutchouc rayée de rouge, le poster accroché dans sa chambre soutenant le visage bienveillant et attentif d’un cheval blanc. À l’aune de l’expérience du bonheur retrouvé, il mesure son malheur. Une perte ? Non, LA perte. L’enfance ressurgit dans les ruines, et la disparition de l’enfance ruine le lieu. Le regard de ce cheval attentif, le museau posé sur la porte de l’écurie, l’invitation à la douceur, toujours là, et qu’il va devoir abandonner à nouveau. Le cheval, son cheval va retourner au silence. Maxime en a décidé ainsi. C’est leur silence. L’attente du retour sera rompue. Maxime ne reviendra plus à Tchernobyl. Jusqu’où l’un et l’autre éprouveront-ils cette solitude insupportable dans le présent, cette solitude qui ne peut surgir que dans le silence, le recueillement ou la révolte, et qui ne peut se dissoudre que dans la séparation ? Maxime acceptera-t-il de laisser là son passé pour tenter de se construire autrement ?

Que peut donc éprouver l’autre voyageur, celui qui prend les signes à la figure et qu’il interprète comme les traces du malheur alors qu’ils sont encore pour Maxime les traces de son bonheur disparu ? Ce voyageur, sans le vouloir, risque de maintenir à tout prix l’inhumanité du lieu, Il risque de perdre toute humanité alors même qu’il en guette les manifestations. Il risque de s’empêcher et d’empêcher les autres d’accéder à l’obligation de rendre à ce lieu son humanité. L’accès et le recours à celle-là est indispensable à l’expression d’un sentiment de compassion non solipsiste capable d’offrir aux humains comme aux non-humains l’expérience dont parle Paul Ricœur[2] de s’éprouver soi-même comme un autre. Le faire revient à éprouver l’autre comme soi. Le spectaculaire, l’inventaire du plein du lieu ne peut qu’entraver ce sentiment.

Il reste à concevoir un mémorial pour Tchernobyl qui rende possible l’épreuve d’une compassion qui ne s’arrête pas à soi-même. Ce mémorial qu’il soit matériel ou spirituel ne pourrait être que vide. Ce serait la condition pour qu’il n’offre aucun obstacle à l’épreuve d’une altérité universelle, aucun obstacle pour s’aimer plus que soi-même et pour s’aimer au-delà de soi-même, condition d’accès au sentiment d’humanité qui fonde l’autre comme soi-même.

Le cheval veille dans la chambre de Maxime. Depuis, Maxime est mort du mal de Tchernobyl.



[1] White Horse, Film de Maryann De Leo et Christophe Bisson, produit par Downtown TV Documentaries, New York City, 2007.

[2] Paul Ricœur, Soi-même comme un autre, éditions Point/le Seuil, Paris, 1990

lundi 8 décembre 2008

Mycle Schneider : Le nucléaire en France Au-delà du mythe

Mycle Schneider
Consultant international en politique énergétique et nucléaire
Commandité par le Groupe des Verts/ALE au Parlement Européen

Pour toute question ou commentaire, merci de contacter :
Michel Raquet
Conseiller énergie
Les Verts / ALE
Parlement européen
PHS 06C69
Rue Wiertzstraat
B-1047 Bruxelles
Tél : +32.2.284.23.58
Courriel : mraquet@europarl.eu.int
Internet : www.greens-efa.org
Pour contacter l’auteur :
Mycle Schneider Consulting
45, Allée des deux cèdres
91210 Draveil (Paris)
France
Skype : mycleschneider
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Fax : +33-1-69 40 98 75
Courriel : mycle@orange.fr


L'énergie nucléaire est en vogue, et la France est présentée comme le modèle du succès nucléaire.
Même aux Etats-Unis, où encore récemment tout ce qui était français était mal vu, le nucléaire français est présenté comme l'exemple radieux. “Il est temps de regarder vers la France”, écrivait le chroniqueur du New York Times Roger Cohen, “ils ont la tête bien en place, avec un nucléaire qui atteint les 70 % d’avis favorables”. Et dans la même veine, l'ancien candidat républicain à la présidence John McCain s’interrogeait : “Si la France peut produire 80 % de son électricité avec le nucléaire, pourquoi pas nous ?”.
Le gouvernement Sarkozy-Fillon, qui assure la présidence du Conseil des Ministres de l’Union
européenne, a opté pour une promotion massive du nucléaire, y compris à l’intention des nouveaux venus comme l’Algérie, la Jordanie, la Libye, le Maroc, la Tunisie ou les Emirats Arabes Unis. Et le président Sarkozy de déclarer à Marrakech : “Il y en a bien en France, pourquoi n’y en aurait-il pas au Maroc ?”1 Le Président français parcourt le monde à la manière d’un VRP d’une industrie nucléaire rutilante, du Moyen-orient à la Chine, du Brésil à l’Inde. Le 29 septembre 2008, avant même que le Congrès américain n’ait donné le feu vert à l’accord nucléaire USA-Inde, la France signait un accord de coopération similaire avec l’Inde.
La compagnie publique EDF a amplifié sa propre stratégie internationale, avec la récente acquisition de British Energy, le projet d'augmentation de sa participation dans la compagnie américaine Constellation, et la création de la Guangdong Taishan Nuclear Power Joint Venture Company, détenue à 30 % par EDF pendant 50 ans, dont l’objectif est la construction et l’exploitation de deux réacteurs EPR. “Les demandes de pays qui souhaitent bénéficier de cette énergie propre et peu coûteuse sont légitimes”, déclarait le ministre français des Affaires étrangères Bernard Kouchner.
Mais en réalité, cela marche-t-il si bien, et est-ce si propre et peu coûteux ? Avec la montée apparente de l’acceptation du nucléaire dans l’Union européenne, et au-delà, il n’est pas inutile de regarder de plus près le “modèle français”.

Les questions politiques et sociales

En 1946, le gouvernement français nationalisait l’industrie du gaz et de l’électricité, et créait les deux monopoles d’Etat Electricité de France (EDF) et Gaz de France (GDF). La loi stipulait que 1 % du chiffre d’affaires des compagnies alimenterait un fond qui serait géré par un comité de direction composé de représentants des syndicats en fonction des résultats obtenus aux élections du personnels.
Cet arrangement constituait une garantie à long terme de “paix social”. Il n’est pas surprenant qu’EDF ait été moins touchée par les grèves que d’autres entreprises françaises, et que les syndicalistes ne procèdent qu’en de rares occasions à des coupures de courant. En plus de tarifs moyens avantageux accordés aux employés, jusqu'au milieu des années 1980, EDF pratiquait une politique de tarifs réduits dans les environs des centrales nucléaires, pendant les phases de projet et de construction, afin de faciliter l’acceptation du public, pratique qui a fini par être jugée illégale par les tribunaux, parce qu’en violation flagrante avec le principe d’équité.

Une gestion technocratique de l’élite plutôt que la démocratie
Jusqu’en 1991, la France ne disposait d’aucune législation spécifique au nucléaire. La loi de 1991
s’est limitée à la question de la recherche et développement sur les déchets nucléaires de haute
activité. Et ce n’est qu’à partir de 2006, avec la “Loi relative à la transparence et à la sécurité en
matière nucléaire” qu’une législation spécifique a vue le jour. Le lancement du programme nucléaire français n’a jamais été soumis à un vote au Parlement. Les “débats sur l’énergie” organisés dans différentes villes à partir de 2004, de même que les débats organisés par la “Commission nationale du débat public” n’ont d’aucune façon influencé la décision. Des décisions fondamentales comme la construction du premier EPR (European Pressurized water Reactor) de génération III à Flamanville ont été prises avant même la tenue de débats publics et parlementaires. Et ce n’est pas une coïncidence. Les députés ont toujours eu une influence très limitée sur le développement, l’orientation, la conception et la mise en oeuvre de la politique énergétique et nucléaire de la France. Le domaine est totalement sous contrôle de l’élite des technocrates, le Corps des Mines qui a réussi à imposer des orientations politiques à long terme comme le programme nucléaire, complètement en dehors des soucis électoraux. Ce mécanisme représente un avantage énorme sur le plan de la planification à long terme de gros projets d’infrastructure. Mais il constitue aussi un énorme inconvénient au niveau de la démocratie du processus de prise de décision, et un handicap majeur quant une réorientation des politiques s'avèrent indispensable.

L’accès à l’information
L’accès à l’information dans le domaine du nucléaire en France est limité. La confiance dans les
informations fournies par les pouvoirs publics et l’industrie a été totalement anéantie après
Tchernobyl, alors que le gouvernement français prétendait que “le territoire français, en raison de son éloignement, a été totalement épargné par les retombées de radionucléides”. La confiance n'a jamais été rétablie et, dans les sondages, le gouvernement occupe toujours la dernière place en termes de fiabilité comme source d'information sur le nucléaire. La loi sur la transparence et la sécurité nucléaire a été adoptée le 13 juin 2006, et il reste à voir si elle fournira une base appropriée à un véritable changement.

Le subventionnement croisé civil – militaire
Le programme nucléaire civil a largement profité du programme militaire, et inversement. Les
accords de garantie ont été définis de façon à permettre à la France une utilisation systématique des installations et des matières à des fins civiles ou militaires. Ceci n’est pas seulement pratique d’un point de vue technique, mais représente des avantages financiers évidents par rapport à une séparation stricte entre usages civils et militaires.
Des garanties façonnées pour répondre aux besoins militaires. Dans le cadre de l'accord de
garanties tripartite entre la France, Euratom et l’AIEA, l’AIEA était sensée pouvoir contrôler les
matières nucléaire provenant de différents pays pour lesquelles la France avait accepté les garanties de l’AIEA, tout en n’intervenant pas dans le programme militaire français. En pratique, la France est libre d’utiliser ses installations à des fins militaires à la condition de le déclarer à l’AIEA et à Euratom. La R&D civile et militaire. La recherche nucléaire est sans conteste un domaine où le recoupement entre civil et militaire a joué un rôle important. Entre 1985 et 2001, la fission nucléaire a représenté entre 75 et 86 % des dépenses publiques consacrées à la recherche sur l’énergie en France. Au cours des dernières années, d’avantage de ressources ont été octroyées aux autres technologies de l’énergie, en particulier les combustibles fossiles (18%-22%). Alors que l’efficacité énergétique et l’ensemble des énergies renouvelables sont passés de moins de 1% en 1997, à 8% et 5 % respectivement, les efforts de recherche dans ces domaines en France restant extrêmement faibles. Autres schémas de subventionnements croisés surprenants. Le développement des systèmes de contrôle-comande des centrales nucléaires a bénéficié du système développé pour la centrale à concentration solaire de Thémis.

L’industrie du plutonium
La France a mis en place un programme de retraitement des combustibles irradiés prévu à l’origine pour approvisionner son programme d’armement nucléaire. Par la suite, la perspective d’une introduction rapide de surgénérateurs alimentés en plutonium a entraîné un programme massif de séparation du plutonium pour les besoins civils qui a commencé avec la mise en service de l’usine de Mycle Schneider Le nucléaire en France – Au-delà du mythe Décembre 2008 5
La Hague en 1966. La séparation de plutonium à des fins militaires a été arrêtée en France en 1993, mais le retraitement civil s’y poursuit. La faillite du surgénérateur. La France a abandonné son programme surgénérateur en 1998, avec l’arrêt définitif officiel de Superphénix, l’unique surgénérateur de taille industrielle au monde. Mis en service en 1986, ce réacteur de 1.200 MW n’a produit de l’électricité que pendant six des douze années au cours desquelles il a été officiellement en service. Avec une production cumulée de 8,3 TWh, Superphénix a produit un kWh de l’ordre de 1,35 € (par rapport au tarif de rachat de 0,55 € du solaire)
Clients étrangers abandonnent retraitement à La Hague. A la fin 2007, la quantité totale de
combustible irradié étranger en attente de retraitement était si faible, environ 6 tonnes en tout,
qu’AREVA NC donnait en kilogrammes les quantités de chaque pays client. Mais dans le même
temps, la quantité totale de combustible irradié en attente de retraitement à La Hague était de
8.850 tonnes environ, à 99,8 % d’origine française. EDF a un important stock d’environ 12.000 tonnes de combustibles irradiés, dont les trois quarts sont stockés à La Hague, ce qui représente l’équivalent de 10 années de production, au niveau actuel de retraitement. Depuis 1987, la France a également accumulé un énorme stock de plus de 50 tonnes de plutonium non-irradié, dont plus de la moitié est stockée sous forme de plutonium séparé à La Hague, à quoi s'ajoutent plus de 30 tonnes de plutonium séparé des clients étrangers d’AREVA.

Le plutonium n’a pas de valeur comptable et une valeur marchande négative. Depuis 1995, EDF
a attribué dans sa comptabilité une valeur nulle à ses stocks de plutonium séparé, ainsi qu’à ses stocks d’uranium retraité. En conséquence, EDF facture à la compagnie néerlandaise EPZ, au lieu de la payer, la prise en charge de son plutonium. Le subventionnement massif par EDF de l’industrie du plutonium d’AREVA est devenu insupportable, et la direction d’EDF n’a toujours pas signé d’accord à long terme qui devait remplacer le contrat de retraitement / fabrication de MOX arrivé à échéance.
Le retraitement est extrêmement polluant. La dose collective globale sur 100.000 ans – due en
partie aux rejets de La Hague des émetteurs de faible activité, mais à vie longue - krypton-85 (demivie de 11 ans), carbone-14 (5.700 ans) et iode-129 (16 million d’années) a été récemment recalculée à 3.600 homme.Sievert par an, supérieur à l’impact du feu de Windscale au Royaume Uni en 1957 qui avait entraîné une contamination étendue. La poursuite de tels niveaux de rejets pendant le reste de la durée de fonctionnement de La Hague pourrait causer plus de 3.000 cancers mortels supplémentaires. L’économie du plutonium engendre des risques élevés au niveau de la sécurité. Il y a en moyenne en France deux transports routiers par semaine de plus de 100 kg de plutonium séparé, utilisable pour la fabrication de bombes, sur une distance de plus 1.000 km entre La Hague et les installations fabrication de MOX de Marcoule. L'inhalation de quelques microgrammes de plutonium peut provoquer un cancer du poumon, quelques kilogrammes suffisent à la fabrication d'un engin explosif.

Du pétrole, de la dépendance énergétique et du nucléaire
Le nucléaire ne fournit que 16 % environ de l’énergie finale en France, alors que les combustibles
fossiles continuent de couvrir plus de 70 % de la demande. En 2007, après trois décennies de
développement nucléaire massif, le pétrole à lui seul représente près de la moitié de l’énergie finale consommée en France. L’objectif affiché du gouvernement français en 1974 de garantir
l’indépendance de la France face au pétrole par le développement du nucléaire reste surprenant, alors que la production d’électricité ne représentait pas 12 % de la consommation de pétrole du pays en 1973.
Le secteur fondamental pour le pétrole reste les transports. La substitution du pétrole dans la
production d’électricité a réduit la part de l’électricité dans la consommation de pétrole à 1,5 % en 1985, alors que la consommation globale de pétrole atteignait son plus bas niveau. Le contre-choc pétrolier de 1985 a entraîné une relance immédiate de la consommation globale de pétrole, et à la fin des années quatre-vingt-dix, elle retrouvait le niveau du début des années quatre-vingt – malgré le programme nucléaire. Et en 2007, la consommation de pétrole par habitant en France – 1,5 Mtep –était plus élevée que la moyenne de l’Union Européenne, alors que la consommation en Italie, qui a arrêté le nucléaire, et en Allemagne, qui est en train de sortir du nucléaire, était de 1,4 Mtep. Des émissions de CO2 stabilisées, mais plus élevées qu’au milieu des années quatre-vingt. Alors que les émissions par habitant restent plus faibles que dans les pays voisins, il n’y a pas de réduction structurelle identifiable des émissions. En 2006, les émissions totales de gaz à effet de serre en France étaient de 4 % inférieures au niveau de 1990. Mais ceci n'est guère dû au secteur de l’électricité. En fait en 2005, les émissions dues à la production publique d’électricité et de chaleur étaient de 5 % supérieures au niveau de 1990. Les réductions importantes ont été réalisées sur les émissions de N2O liées à la production d’acide adipique (malgré une augmentation de 40 % dans le secteur de l’énergie), alors que les émissions de CO2 imputables au transport routier ont considérablement augmenté au cours de la même période (+17 %).

Chaleur électrique et commerce d’électricité
Dans les années quatre-vingt, on a mis en place une importante surcapacité de production d’électricité, comme dans les raffineries et l’industrie du combustible nucléaire, et la plupart des initiatives “d’intelligence énergétique” basées sur l’efficacité et les économies d’énergie ont été abandonnées. En 2007, les centrales nucléaires, qui représentaient en France 54 % de la capacité installée ont produit 77 % de l’électricité, les centrales thermiques classiques (charbon, gaz, pétrole) 10 %, l’hydraulique 10 % et les autres sources renouvelables 1,4 %.
EDF a poursuivi une politique très agressive sur deux fronts : contrats long terme d’exportation
d’électricité de base et dumping d’électricité sur les secteurs concurrentiels comme le chauffage et l’eau chaude sanitaire. La France est devenu le plus gros exportateur net de courrant en Europe.
Depuis, il y a une tendance à la stabilisation côté exportations (80-90 TWh) mais un accroissement des importations (environ 25-30 TWh), le solde exportateur s’établissant autours de 60 TWh.
La pointe de consommation s’est envolée dans les années quatre-vingt et quatre-vingt-dix, en
particulier en raison de l’introduction massive du chauffage électrique. Non seulement la pointe
journalière a plus que doublé, pour atteindre près de 90 GW début 2008, mais la différence entre la l’appel de charge minimum en été et la pointe en hiver a plus que doublé et atteignait 57 GW en 2006.
Entre 2006 et 2007, la France a importé près de 30 TWh en moyenne par année dont 17 TWh
d’Allemagne. Les approvisionnements à court terme pour faire face à la pointe de consommation
peuvent être plusieurs fois plus chers que les exportations de base dans le cadre d’accords pluriannuels.
L'ADEME (Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie) et RTE, filiale d'EDF,
ont calculé que le contenu en CO2 du kWh importé pour les besoins du chauffage électrique était entre 500 et 600 grammes, soit environ trois fois les émissions d'un chauffage central au gaz. De plus, EDF a décidé de remettre en service 2.600 MW de capacité de production au pétrole mise sous cocon, dont la plus vieille avait été mise en service en 1968. Déjà ces dernières années, la France a produit deux fois plus d'électricité dans des centrales au fioul que, par exemple, le Royaume Uni.
Le gaspillage de l’électricité sous forme de chaleur est “une erreur”, “une folie française” “et même une aberration d’un point de vue thermodynamique”, selon la secrétaire d’Etat à l’écologie, Natalie Kosiusko-Morizet. Aujourd’hui, la consommation d’électricité par habitant en France est d'un quart environ plus élevée qu’en Italie et 15 % plus élevée que la moyenne de l’Union Européenne.

Indépendance énergétique ?
Le mythe de “l’indépendance énergétique” grâce au nucléaire s’est maintenu au cours des
35 dernières années. Cela tient entre autres à certains nombres de biais que l’on peut décortiquer pour l’année 2007, pour laquelle le ministère de l’Industrie a annoncé un taux d’indépendance énergétique de 50 % :
a) Les exportations d’électricité devraient être exclues du bilan
b) Il faudrait déduire l’auto-consommation du secteur nucléaire
c) Le niveau d’indépendance énergétique devrait être calculé par rapport à l’énergie finale
d) Enfin, l’ensemble des ressources primaires pour le nucléaire, l’uranium, sont importées.
e) Cependant, une partie de l’électricité est produite en réutilisant du plutonium et de l’uranium
retraité qui peuvent être considérés comme une ressource nationale Au final, le taux d’indépendance du point de vue de l’énergie finale s’établirait à 8,5 % environ en 2007, au lieu de 50 %.


Faibles prix de l’électricité, facture énergétique élevée
Les prix de l’électricité en France sont relativement faibles. Pour les prix standardisés pour les
consommateurs résidentiels au début de l’année 2007, la France se plaçait à la 13ème position sur 27 au sein de l’Union Européenne, au même niveau que l’Espagne ou le Royaume Uni. La comparaison des prix en standard de pouvoir d’achat (SPA) fait passer la France à la troisième position, derrière la Grèce et la Finlande mais à peine moins cher que le Royaume Uni ou l’Espagne. Le consommateur industriel français moyen se retrouve en 6ème position au sein de l’Union Européenne. La comparaison en SPA fait passer la France en quatrième position, derrière la Finlande, le Danemark, et la Suède.
Mais le prix du kWh ne dit pas grand-chose sur la facture énergétique totale. Les Français
consomment plus de pétrole et significativement plus d’électricité par habitant que leurs voisins. La facture énergétique totale des ménages français n’a jamais été plus élevée depuis 1970 qu’en 2006.
"Trois millions de français ont froid l'hiver", selon l'Agence Nationale de l'Habitat. EDF estime à trois
millions ou 10 % le nombre des ménages de France se trouvant dans une situation énergétique
précaire. 500.000 ménages ont accès au tarif de première nécessité (TPN), introduit en 2005, et
300.000 ménages reçoivent du soutien du Fond de Solidarité d'EDF. Selon le Ministère de l'Economie, le nombre total des ménages éligibles pour le TPN atteint deux million cette année. Le nombre de demandes d'assistance pour payer des factures énergétiques augmente au rythme de 15 % par an et les dépenses cumulées, estimées entre 150 millions et plus de 200 millions d'euros par an, assèchent les fonds sociaux régionaux et la Caisse d'allocation familiale (CAF).

Faibles prix de l’électricité = industrie compétitive ? La France n’a cessé de creuser son déficit
extérieur. En 2007, il a atteint 40 milliards d’euros et à la fin août 2008, il dépasse les 50 milliards d'euros en année mobile. Que l’on peut comparer à l’excédent commercial de l’Allemagne tout juste inférieur à 200 milliards d’euros. La politique nucléaire ne semble capable d’influencer ni la capacité à retenir une industrie forte consommatrice d’électricité dans le pays, ni à maintenir la balance du commerce extérieur.

Des assurances limitées
La France est signataire de la convention de Paris de 1960 et de la Convention de Bruxelles de 1963 sur la responsabilité civile. Ces conventions autorisent les signataires à adapter les réglementations à leur grès, en fonction de leurs besoins individuels. Dans le cas de la compagnie française EDF, le plafond avait été fixé à 91 millions d’euros pour un accident sur installation nucléaire, le plus faible d’Europe, selon une étude récente. Si les coûts consécutifs à un accident étaient supérieurs à la limite de l’exploitant, l’Etat français couvrirait 140 millions d’euros, auxquels peuvent s’ajouter 150 millions d’euros d’autres membres de la Convention. Ces montants ont été révisés en 2004 par des amendements à la Convention, et se montent désormais respectivement à 700, 500 et 300 millions d’euros. Les dommages d’un accident de l’ampleur de celui de Tchernobyl en France seraient plus vraisemblablement de l’ordre de centaines de milliards d’euros. Le montant total disponible de 1,5 milliards d’euros reste peu élevé, la moitié seulement devant être apporté par l’exploitant.

Les coûts de démantèlement et de gestion des déchets
L’exploitation et le démantèlement des installations nucléaires entraînent une responsabilité civile importante à long terme. La Cour des comptes a évalué l'ensemble des coûts à venir à 65 milliards d’euros (courants) pour les trois principaux exploitants nucléaires français EDF, CEA et AREVA à la fin 2004. Cependant les calculs concernant les coûts qui servent de bases aux provisions ne sont pas transparents et les données ne sont pas publiques ; l’administration n’a soit pas une force de travail suffisante ou n’est pas consultée. Par le passé, le calcul de certains coûts s’est avéré erronné d’un ordre de grandeur ou plus.

Un équilibre précaire entre la productivité et la sûreté nucléaire
La France est le seul opérateur au monde à fermer des réacteurs le week-end en été, faute de besoin. Plus de 40 réacteurs sont exploités en mode de suivi de charge. A la fin 2006, les réacteurs français affichaient un facteur de charge cumulé sur la durée de vie de 77,3 %. Après avoir augmenté entre 2000 et 2006, la disponibilité a baissé de nouveau en 2007, pour passer à 80,2 % (-3,4 %). La raison est là de nature clairement technique (problèmes au niveau des générateurs de vapeur), ce qui pose la question de savoir si le parc d’EDF serait capable d’atteindre facteur de charge de l’ordre de 90 %, comme les meilleurs au monde. EDF estime que le problème de générateur de vapeur va coûter 2 % de plus en disponibilité, au moins en 2008 et 2009. Ce problème n’est que le dernier en date d’une liste de problèmes génériques sérieux qui affectent le parc nucléaire français.
Le nombre total d’évènements significatifs pour la sûreté a fortement augmenté, passant de 7,1 par réacteur en 2000 à 10,8 en 2007, bien qu’EDF insiste sur le fait que le nombre d’évènements sérieux baisse.

EPR – European Problem Reactor ?
Trois ans après le début de la construction, le premier EPR (European Pressurized Water Reactor) franco-allemand, le projet Olkiluoto-3 en Finlande, accuse déjà deux ans de retard et au moins 50 % de dépassement de budget, les pertes pour le fournisseur étant estimées à 1,5 milliards d’euros. On ne sait pas qui va supporter les coûts supplémentaires.
A l’instar du cas finlandais, le projet d’EPR de Flamanville-3 dont la construction a commencé en
décembre 2007, subit une foultitude de problèmes de contrôle-qualité. En mai 2008, l’autorité de sûreté a suspendu pendant deux mois les travaux de coulage du béton, jusqu’à ce que des points clés soient sous contrôle. Apparemment, neuf mois après le début de la construction, le projet a déjà 9 mois de retard.
Erosion des compétences et inquiétudes concernant la force de travail La principale raison pour laquelle EDF construit un EPR est la crainte largement partagée de conséquences dévastatrices de l’aggravation du problème de perte des compétences. Environ 40 % du personnel d’EDF dans l’exploitation et la maintenance des réacteurs partiront à la retraite d’ici 2015. EDF va essayer d’embaucher 500 ingénieurs par an dès 2008. Le constructeur de réacteur AREVA a déjà commencé à embaucher 400 ingénieurs en 2006 et 750 en 2007. Cependant, l’enseignement
supérieur français ne produit pas plus de 300 diplômés nucléaires par an. “Le renouvellement des compétences est aujourd’hui la première préoccupation du management”, dit l'Inspecteur Général pour la Sûreté Nucléaire d'EDF, “cette préoccupation est aujourd’hui générale chez tous les acteurs du nucléaire, fournisseurs, prestataires, Autorité de sûreté, en France et à l’étranger”.

Opinion publique
L’attitude des Français face au nucléaire est similaire à la moyenne de l’Union Européenne. En 2005, selon une étude commanditée par l’AIEA5 seulement 25 % des Français interrogés se disaient favorables à de nouvelles centrales nucléaires, alors que 50 % se déclaraient favorables à la poursuite de l’exploitation des réacteurs en service, mais pas à de nouvelles constructions, et 16 % étaient en faveur de la fermeture des réacteurs en service. Les résultats sont remarquablement proches des réponses pour l’Allemagne, où l’on retrouvait 24 % en faveur de nouvelles constructions, 50 % pour la poursuite de l’exploitation sans nouvelles constructions, et 26 % en faveur de l’arrêt des réacteurs en service.
Un sondage réalisé pour la Commission Européenne en 2007 confirmait cette tendance. En France, 59 % des personnes interrogées étaient favorables à une réduction du nucléaire dans le mix énergétique, contre 28 % seulement qui étaient favorables à un accroissement du rôle du nucléaire 5 GlobeScan, “Global Public Opinion on Nuclear Issues and the IAEA - Final Report from 18 Countries”, commissioned by the International Atomic Energy Agency, October 2005

pour combattre le réchauffement climatique. Les résultats sur la France sont proches de la moyenne de l’Union Européenne à 27, où 61 % sont en faveur d’une baisse et 30 % d’une augmentation de la part du nucléaire.
Mais la prise de décision démocratique et l’opinion publique ont historiquement à peine influencé la mise en place du programme nucléaire français. “Mais à quoi ça sert ces discussions
parlementaires ?”, lançait Pierre Guillaumat dans une interview avec l’auteur en 1986.6 Administrateur général du CEA dans les années cinquante, puis ministre de la Défense, et parrain du Corps des Mines, il ne croyait pas à la consultation de l’opinion publique. “L’opinion publique, l’opinion publique, qu’est ce que c’est l’opinion publique ? Aux enfers, il y a l’opinion publique, ailleurs, je ne l’ai jamais
vue”.

Conclusion
Le programme nucléaire français a été conçu, développé et mis en oeuvre en grande partie en dehors de tout processus de décision parlementaire. Le manque de mécanisme de contrôle démocratique et de cadre juridique approprié a également entraîné un certain nombre d’erreurs de conception, d’erreurs stratégiques onéreuses, d’effets secondaires regrettables et une dépendance significative à une source unique et controversée d’électricité.
Le programme nucléaire français a raté son objectif d’indépendance énergétique et l’indépendance du pétrole ; le citoyen français consomme plus de pétrole que ses voisins, et sa facture énergétique n’a jamais été aussi élevée. De nombreux ménages se trouvent dans l'incapacité de faire face à leurs dépenses énergétiques.
L’électricité d’origine nucléaire, entièrement produite à partir d’uranium importé, ne couvre que 16 % environ de la consommation d’énergie finale. La France est restée aussi dépendante que la plupart des autres pays européens des combustibles fossiles, dont une partie est brûlée, en France et à l’étranger, pour couvrir la consommation croissante du chauffage électrique, très inefficace du point de vue énergétique.
La mise en place d’une économie du plutonium est à l’origine de l’accumulation de plus de 50 tonnes de plutonium séparé, et de nombreux transports de plutonium à travers le pays constituant un risque important de sécurité.
Une pression croissante sur les coûts conduit à de fortes répercussions pour la sûreté des installations existantes. Les exploitants, les fabricants et les autorités de sûreté doivent s’atteler au défi de combler le fossé des compétences creusé par le départ en retraite de milliers de techniciens qualifiés au cours de la prochaine décennie. Les nouveaux projets en Finlande et en France sont déjà confrontés à de sérieux problèmes de contrôle-qualité, et à des dépassements excessifs de budgets et de délais.

lundi 29 septembre 2008

CERN à vous d’juger


CERN à vous d’juger
partie 1

témoins à charge

J’accuse !
Septembre 2008, le CERN, l’organisation européenne pour la recherche nucléaire, va mettre en route son grand collisionneur de hadrons ou LHC.
Ce gigantesque accélérateur de particules de 27km est accueilli comme le messie de la science moderne et la réponse à toutes les questions de l’humanité. À cheval entre la Suisse et la France, il passe à 100m sous terre en dessous de zones d’habitations et de cultures.
Le CERN, quant à lui, est un acteur majeur dans le paysage Suisse et une aubaine sans précédent pour la région. Il bénéficie d’une bonne presse et de l’appui sans faille de la Confédération. Partout on peut en lire les prouesses et la chance qu’on a de l’avoir en Suisse. Nul ne remet en doute les activités qui s’y passent.
Ce livre, volontairement polémique face à l’image irré­prochable du CERN, s’intéresse à ceux que personne n’écoute et qui ont un avis différent sur le sujet. Il s’agit d’un recueil d’histoires subversives dont le but est de permettre aux gens de se faire leur propre opinion en tout connaissance de cause.
Jas Rewkiewicz





Pierre Allemann – Médite et souviens-toi
«M. Pierre Allemann s’est occupé pendant une quinzaine d’années de la manutention, du découpage et du stockage des déchets radioac­tifs. Dans le cadre de son travail, il a ainsi été constamment exposé à dif­férentes nuisances.» Dr D. Cohen, médecin du travail au CERN
Après avoir dénoncé le CERN, j’ai fui le pays de Gex il y a dix ans et je suis allé vivre au sud-ouest de la France. Je ne voulais plus avoir vue sur le CERN mais surtout éviter de croiser mes anciens collègues qui m’interpellaient en me disant : « Tu nuis à l’emploi, t’es un salopard ». Les collègues et les syndicats disaient que j’avais pas à cri­tiquer le CERN parce que les boîtes elles allaient fermer, d’ailleurs la mienne a disparu après ma plainte.
Mais c’est pour les jeunes que je témoigne.
Je suis arrivé au CERN en 1979, employé par la société d’intérim Metareg, avec une formation de garçon de café. J’ai commencé par être être tireur de câbles sur­chauffés par les aimants. Ils sont cuits par les radiations et ça fait de la poussière qui tombe comme de la neige.
Et un jour, on m’a proposé une mission, parce qu’il y avait un jeune qui était malade au stockage radioactif.
Quand je suis arrivé, je n’avais aucune protection. On m’avait expliqué que les poils de mon nez filtraient tout !
Le CERN disait que je travaillais bien et en 1986, sans aucune formation, ils m’ont fait passer agent de radio­protection. Plus tard, j’ai appris que c’était monnaie courante au CERN. J’ai vu, par exemple, une dame passer de la distribution de café dans les couloirs au contrôle des badges mesurant la radioactivité. Il y a aussi le gars chargé de faire des relevés sur le site, bombardé technicien en radioprotection comme moi, à la base ce n’était qu’un mécano et en plus il buvait !
Personne n’y connaissait rien et moi le premier.
Ce système, bien sûr, créait de grosses lacunes de sécu­rité qui souvent arrangeaient bien le CERN. Alors, pour ne pas être embêté dans la journée par les détecteurs empêchant que ne sortent des matières radioactives, le technicien qui en était responsable, les a simplement débranchés laissant la porte ouverte à tous les déchets irradiés ! Ce qui permettait d’en faire sortir des tonnes en douce à l’aide d’un système bien rôdé.

Des centaines et peut-être même des milliers de ton­nes de métal et d’aimants, déchets des expériences du CERN, ont été vendus à des ferrailleurs par wagons entiers ! Quand j’ai été envoyé sur place, car personne ne voulait y aller, pour contrôler la radioactivité d’un pied d’aimant, on m’a dit « Pierrot, si c’est radioactif, tu fermes ta gueule autrement ça va faire un scandale ».
D’ailleurs, pour financer mon groupe de radioprotec­tion, le CERN a vendu des dizaines de tonnes d’alumi­nium irradié à un ferrailleur lausannois sans bien sûr mentionner leur dangerosité.
Moi-même, j’ai été exposé de nombreuses fois sans jamais être conscient du danger réel que cela repré­sentait pour ma santé.
Je n’ai jamais eu de masque et, quand je me suis mis à cracher noir, le technicien supérieur, un homme qui a travaillé sur la bombe atomique, m’a dit que c’était normal et qu’il fallait bien que ça sorte, preuve que mon organisme se purifiait. Et comme c’était un grand phy­sicien, je l’ai cru alors que tout ça c’était des blagues ! Mon seul matériel a été un bleu de travail vert. On nous appelait les petits hommes verts du CERN.
Je travaillais pour ainsi dire sans aucune protection. Pour preuve, les gars chargés de ma bonne santé ont pris une photo de moi assis sur une caisse d’uranium !
Mais le danger du CERN est encore plus pervers. Il y avait une expérience, pour laquelle on avait besoin de plaques d’uranium. Comme elles étaient un peu gras­ses, ils ont fait venir un gars de Metareg avec un lave-vaisselle ! L’eau de ce lave-vaisselle allait dans une cuve et quand elle était pleine voilà ce qu’on m’a dit :
« Pierrot, au prochain jour de pluie, tu ouvres le robinet de la cuve légèrement et tu laisses son contenu s’écouler dans la bouche d’égouts, en se mélangeant avec l’eau de pluie, ça se dissout, y a pas de risque » !
En parlant de l’eau, pendant des années, je buvais l’eau de la tour de refroidissement ! Car mon robinet était alimenté par l’eau industrielle servant à refroidir les aimants radioactifs du CERN. Et le physicien m’a dit « Vous ne croyez pas que pour un seul homme, on va dépenser 5 000 francs pour amener l’eau potable ».
Quand le soir, j’étais malade, le médecin du CERN m’a dit que ce n’était rien, la fièvre du fondeur, et comme j’avais une famille à nourrir, j’ai continué.
Une fois, une cible, une sorte de cocotte-minute ren­fermant des éléments hautement irradiés, m’a pété à la figure. Alors j’ai appelé mon chef qui m’a dit de prendre une douche, après quoi j’ai remis mon bleu de travail !
C’est après quinze ans, quand je suis tombé malade et que le CERN m’a mis à la porte du jour au lendemain, que je me suis rendu compte qu’on m’avait trompé. J’ai constaté les méfaits de la radioactivité et, pour ne rien arranger, j’avais été en contact avec de l’amiante.
L’amiante était radioactif, ce qui ne doit rien arranger !
Quand ma bronche a éclaté, je me suis mis à vomir du sang. Le médecin du CERN a finalement diagnostiqué un cancer avant de me dire de prendre mes affaires pour ne plus revenir ! Ensuite, quand je suis allé voir un pneumologue, qui en voyant ma radio s’est exclamé « Oh le con ! Il a rien dit », car ça faisait dix mois que j’avais le cancer, on me l’avait caché.
C’était trop tard et au lieu de pouvoir me retirer qu’un bout du poumon, on a dû me l’enlever en entier !
Je n’ai pas fait le lien tout de suite entre ma maladie et mon emploi. J’ai même menacé de m’immoler par le feu pour protester contre mon licenciement !
Ce n’est que plus tard, quand je me suis finalement retourné contre le CERN et que je suis rentré en contact avec la CRIIRAD, abréviation pour la Comis­sion de Recherche et d’Information Indépendante sur la Radioactivité, qu’on m’a tout expliqué. D’ailleurs, à la CRIIRAD, on n’a pas cru tout de suite à mon histoire tellement c’était gros. Ensuite, ce sont eux qui m’ont ouvert les yeux et ils m’ont dit que tout ce qu’on m’avait raconté au CERN, c’était des blague !
Avec leur aide, on est allé faire des prélèvements sur le site du CERN qui m’a accusé d’être venu sur place pour y mettre moi-même les déchets radioactifs.
Que ce soit mon avocat, la sécurité sociale, le juge, per­sonne n’a voulu reconnaître la contamination radioac­tive préférant celle de l’amiante, plus acceptable.
Car s’attaquer au CERN c’est comme s’attaquer à une montagne ! J’ai été le seul à oser braver le CERN. Ils sont nombreux à être morts en silence, tous du cancer !
Aujourd’hui le CERN prétend que je suis mort, alors que ça fait plus de dix ans maintenant que je lutte pour rester en vie et pour veiller à ce que ce qui m’est arrivé ne se reproduise plus !

Paul Bonny – Chair à neutrons
Paul Bonny est membre de Contr-Atom, une association genevoise reconue d’utilité publique depuis 1985, pour s’opposer au danger que représente le nucléaire.
Avec le cas de Pierre Allemann, Paul Bonny a approché sur le ter­rain cette notion de radioactivité.
Il a découvert sur le site du CERN qu’un banal objet provoquait des réactions inquiétantes sur les instru­ments de mesure. Un danger invisible, silencieux, ino­dore, pervers dont les effets sur l’organisme humain se manifesteront à terme.
Un terme qui varie, selon le niveau de radiation, de quelque heures à plusieurs années et qui peut même avoir des répercussions sur la descendance. Ce danger, personne ne sait ni ne peut le maîtriser puisque après plus d’un demi-siècle de recherches infructueuses, on s’est résigné à enfouir dans le sol les matériaux radioactifs à « éliminer ». Le mot est trompeur car ces matériaux restent dangereux pendant des décennies, des siècles, voire des millénaires ! Paul Bonny a alors réalisé la facilité avec laquelle on a abusé de Pierre Allemann durant ses quinze années de bons et loyaux services.Il s’est souvenu de l’arrogance de l’attaché de presse du CERN qui affirmait dans une interview qu’il n’y a pas plus de radioactivité au CERN qu’au Salève. Pourtant, le CERN est, selon la loi française, une Installation Nucléaire de Base.
On peut tromper tout le monde quelque temps, mais on ne peut pas tromper tout le monde tout le temps.
Les travailleurs comme Pierre Allemann sont appe­lés « chair à neutrons », ce qui ne semble pas inquié­ter l’OMS. Et pour cause : L’accord de 1959 entre AIEA, l’Agence Internationale de l’Énergie Atomique, et l’OMS, l’Organisation Mondiale de la Santé, prévoit que :
« Les deux organismes agiront en coopération étroite et se consulteront régulièrement en ce qui concerne les questions présentant un intérêt commun. » L’OMS étant au-dessous de l’AIEA dans l’organigramme de l’ONU, elle ne peut que se soumettre !
L’OMS va donc devoir préparer les mentalités à accep­ter l’inacceptable. Voici un extrait de « Santé mentale et énergie atomique » publié par l’OMS en 1958 :

« Une source énergétique qui renferme des possibilités aussi considérables dans deux directions opposées – amélioration du bien-être de l’humanité et détériora­tion de la race humaine – ne peut manquer de provo­quer des répercussions très diverses. (…)
Cependant, du point de vue de la santé mentale, la solu­tion la plus satisfaisante pour l’avenir des utilisations pacifiques de l’énergie atomique serait de voir monter une nouvelle génération qui aurait appris à s’accom­moder de l’ignorance et de l’incertitude. »
L’OMS a donc été contrainte par l’AIEA de renier son opinion très réservée sur l’énergie nucléaire, ainsi qu’en témoigne l’extrait de son rapport du « Groupe d’étude des effets génétiques des radiations chez l’homme » publié deux ans avant l’accord avec l’AIEA :
« Le bien-être des descendants de la génération pré­sente est menacé par l’emploi grandissant de l’énergie nucléaire. Aussi doit-on considérer que toutes les radia­tions produites par l’homme sont nuisibles à l’homme du point de vue génétique. Il est démontré que les rayon­nements figurent parmi les agents qui provoquent des mutations chez un grand nombre d’organismes, des bactéries aux mammifères. Notre Groupe est d’avis que de nouvelles mutations survenant chez l’homme seront nuisibles aux individus et à leurs descendants. »
Comment expliquer que l’ensemble d’un organisme de la taille de l’OMS, chargé de veiller sur la santé des peu­ples, ait pu accepter d’être muselé par ceux dont la mis­sion est de développer le nucléaire ? Et que cette union contre nature autorise désormais les scandaleux men­songes qui minimisent systématiquement les dangers et les conséquences des catastrophes nucléaires, afin de ne pas entraver le développement de cette industrie. Et comment expliquer l’aveuglement des autorités de l’époque et le laxisme des médias, alors que les plus grands penseurs tiraient déjà la sonnette d’alarme :
« La puissance déchaînée de l’atome a tout changé, sauf nos modes de penser, et nous glissons vers une catas­trophe sans précédent. Une nouvelle façon de penser est essentielle si l’humanité doit survivre. » Einstein

Gino Nibbio – La culture du mensonge
Gino Nibbio est un autre activiste de ContrAtom. Il lutte contre « la culture du mensonge » propre aux nucléocrates ainsi qu’au CERN.
Quand il est question du nucléaire pas la peine d’informer les citoyens la politique c’est plutôt : payez vos impôts et taisez-vous !
Gino Nibbio s’est occupé avec Paul Bonny de Pierre Allemann lorsqu’il s’est retourné contre la société de prestation de main-d’oeuvre qui l’avait mis à disposition du CERN. Les démarches entreprises pour que le CERN admette ses responsabilités n’ont hélas pas abouties.
ContrAtom a voulu un contrôle indépendant au CERN. Demande refusée avec l’appui indirect des autorités !
Une organisation internationale comme le CERN a sa propre réglementation interne. Réglementation qui a reçu l’aval de la confédération Suisse et du canton de Genève, représenté, pour les problèmes de radiopro­tection, par le professeur Osman Ratib qui a accepté de recevoir les représentants de ContrAtom à deux repri­ses, sans qu’un vrai dialogue puisse s’établir.
Le système est maintenant bien rôdé de manière à régler à l’interne tous les problèmes relatifs à la radio­protection. Par ailleurs le CERN dispose de son propre système de sécurité ainsi que d’un service du feu privé.
De plus, le poids du CERN est tel, sur le plan de l’éco­nomie et celui de la communication, que ses dirigeants savent faire passer leurs projets, entre autres auprès d’une Suisse prête à investir financièrement pour un centre de recherche nucléaire, ceci dans la mesure où le peuple mal informé ne se sent pas concerné. Dans la plupart des cas le CERN lui-même alimente la presse. Un article du journal Le Temps a même été rédigé avec l’aide d’un brillant physicien du CERN, Monsieur John Ellis. Il leur est donc facile d’imposer leur point de vue.
Mais l’on n’impose pas les choses aux gens, surtout quand il y a un risque !
Dans le cadre du LHC, même si nombre de scientifiques disent que les risques sont faibles voir nuls, personne ne connaît les conséquences d’une exposition prolon­gée aux faibles doses de radiations !
Les seuils établis sont aberrants car ils sont définis par ceux qui sont sensés les respecter !
Le CERN joue gros, il ne s’agit pas de petites expériences sans dangers, ce avec quoi ils jouent, c’est le nucléaire et après Hiroshima et Tchernobyl on sait maintenant bien ce qu’il peut en coûter pour les victimes.
Une catastrophe nucléaire n’est pas une catastrophe ordinaire, c’est une catastrophe totale !
Mais alors pourquoi se frotter au nucléaire ? On nous bassine que la recherche fondamentale est la plus grande chance de l’humanité alors qu’au fond il serait préférable de résoudre les problèmes existants au lieu d’en créer de nouveaux.
Pourquoi gaspiller ces brillants esprits pour chercher le boson de « machin » ?
Parce beaucoup d’intérêts autres que scientifiques gravitent autour de ces recherches. Par exemple dans la documentation distribuée aux visiteurs, le CERN prétend avoir inventé le web. Ce qui est formellement démenti par une publication de Swisscom datée de 2008, qui précise que « l’internet a été développé en 1960 pour une utilisation militaire et c’est en 1991 que le CERN a développé le world wide web. » Mais plus effrayant : dans les années 80 le CERN a ouvert ses portes à plusieurs chercheurs étrangers, en particulier Irakiens, dans le cadre d’un programme de recherche nucléaire. Est-ce de l’inconscience de la part du CERN où y a-t-il quelques secrets que l’on n’ose pas révéler ?
Au CERN tout n’est pas aussi clair et limpide qu’on veut bien le laisser croire. Surtout pas de vagues.
Un tel comportement n’est pas chose nouvelle dans le monde scientifique et l’on peut s’interroger sur les dérives potentielles du LHC. Car même les plus grands chercheurs ont vu leur découvertes utilisées à des fins dangereuses pour l’humanité.
Nobel est l’inventeur de la dynamite et pour se faire pardonner, il a inventé le prix Nobel.

André Gsponer – Calutron mon amour
En 1979, Jafar Dhia Jafar, patron du programme de la bombe atomique irakienne, a dépêché un ingénieur dans le but de collecter des infor­mations sur un gros aimant déve­loppé par le CERN.
Cet aimant permettrait de produire de l’uranium à usage militaire.
Un tel aimant avait été utilisé par les États-Unis pour fabriquer la charge nucléaire d’Hiroshima.
Ce dispositif est connu sous le nom de « calutron », contraction de « California University Cyclotron ».
En 1980, André Gsponer, un jeune physicien travaillant au CERN, conclut qu’un tel intérêt de la part des Ira­kiens n’est pas sans risque.
Il décide alors d’en informer son supérieur. Celui-ci, désirant maintenant rester anonyme, prétend n’avoir donné que des informations publiques et minimise l’affaire. Il faut savoir que Jafar Dhia Jafar a d’impor­tants contacts au CERN. Il y avait lui-même fait son temps dans les années 70 et ça ne fait aucun doute qu’il a fait jouer ses relations pour obtenir les informations.
Malgré tout, l’affaire tombe dans l’oubli le plus général.
Lorsqu’éclate la première guerre du Golfe, Jafar Dhia Jafar est passé ministre adjoint de l’Industrie et de l’Industrialisation militaire. André Gsponer a démis­sionné du CERN et est devenu directeur du GIPRI, l’Institut International de Recherche pour la Paix à Genève. Il essaie par ce biais de secouer le milieu du désarmement sur les dangers que représentait la technologie de séparation électromagnétique, en citant notamment le cas de l’Irak.
Mais après avoir été averti des dangers que pouvait représenter pour lui et ses anciens collègues du CERN la révélation d’une telle information, il décide de ne plus mentionner en public l’intérêt soutenu des Irakiens pour les calutrons.
En pleine désillusion, il quitte la Suisse en 1987 et se plonge dans la recherche théorique en physique fonda­mentale. Mais en 1991, après la guerre du Golfe, il est rattrapé par son passé.
C’est en voyant des images en provenance d’Irak, qu’il s’aperçoit que les inspecteurs de l’ONU sont bel et bien tombés sur un aimant à calutron irakien !

André Gsponer collecte alors des informations et se rend compte qu’il avait bel et bien raison et que l’Irak a emprunté la voie des calutrons ! Et le plus étonnant, c’est que tout le monde semble tomber des nues.
Mais comment les services de renseignements occi­dentaux ne s’en sont pas rendus compte ?
Angré Gsponer n’y croit pas, les services secrets devaient être au courant. Mais alors pourquoi avoir feint de découvrir ce programme après la guerre du Golfe ? Cette question demeure sans réponse, mais lui avait fait son devoir de citoyen conformément à l’un des chapitres d’un ouvrage collectif consacré à la possibilité d’une élimination complète des armes nucléaires disant :
« Tout citoyen devrait considérer comme son devoir d’alerter l’opinion publique s’il venait à prendre connaissance d’un quelconque événement laissant penser qu’un groupe ou un pays cherche à acquérir la bombe atomique. »
Et même si le CERN a fait passer André Gsponer pour un fou, il est indéniable qu’il a participé à l’acquisition de cette technologie par les Irakiens. La limite entre recherche la scientifique de pointe et l’armée est sou­vent mince. Et on est en droit de se demander quelles sont les autres menaces de cette proximité.
Dans l’un de ses livres, Dan Brown imagine même que de l’antimatière produite par le CERN sert à créer la plus puissante des bombes à ce jour.
Même si ça reste du domaine de la science-fiction, le CERN devrait se pencher sur les dangers potentiels que représentent les connaissances qu’il manipule.
Il faut voir au-delà de la découverte. C’est son utilisa­tion qui devrait être la finalité des recherches au CERN.

Walter Wagner – Black hole psychosis
Dr. Wagner, you seem to be really active in various fields like Phys­ics, Mathematics, Botanic, Health and even Law. What are your most remarkable works ?
My most interesting work was the discovery of a novel cosmic ray track which I identified as having been
likely caused by a magnetic monopole at UC Berkeley, Space Sciences laboratory, Physics Department, 1975.
According to you, the LHC may create a black hole that will eat up the earth. What’s the true risk ?
The probability is at 50 %. There is also a 50 % chance that nothing bad will happen.
How will a black hole grow and in how many time ?
We don’t know how long it would take. The shortest period of time I’ve seen estimated is 5 Années, given by Dr. Otto Roessler. It might take millenia, or even mil­lions of Années. The growth would start out slowly as the black hole ‘orbited’ through earth. As it grew, its orbit would grow smaller as the black hole grew more mas­sive, until it was contained entirely inside the earth.
Everyone is pretending that a black hole created by the LHC will instantly vanish, why don’t you agree ?
This relies on an unproven theory of Steven Hawking. If a black hole forms in the vacuum of space, one of three things could occur. It could just sit there, neither growing larger nor smaller. Or, ‘quantum effects’ at its ‘event horizon’ could cause it to either spontaneously grow larger, or spontaneously grow smaller.
You’ve founded the LHC legal defense fund, what are the goals of this organization ?
This fund has been established to initiate legal action to require that CERN and the Large Hadron Collider engage in a full safety analysis for all potential theo­retical hazards inadequately addressed to-date. Such hazards include theoretical miniature black holes, the­oretical strangelets, Space transitions, etc.
What’s the reaction of the CERN to the LHC legal defense fund ?
We’ve not seen a formal reaction as of yet.
What do you think about the non-reaction of the CERN torwards the LHC legal defense fund ? Is the CERN above the laws ?

I’m not certain that there has been a non-reaction. However, I’ve heard second-hand reports that they intend to disregard anything done in the US court. That remains to be seen, as their Answer to the Complaint is not due as of yet, and the Preliminary Hearing won’t be heard until late June, 2008. Hopefully, they will recog­nize US authority, since they seem to like US dollars to build their machine.
Is it ‘dangerous’ for your career to oppose to the CERN ? Have you received some sort of intimidations from the scientific environment ?
I’ve received some ‘crank’ emails from perhaps twenty jerks. I’ve received far more positive responses. Most of the physicists I’ve been communicating with are either directly supportive of my efforts, or at least grudgingly acknowledge CERN’s shortcomings. They are recog­nizing that I’ve uncovered a whole field of theoretical physics that has not been explored.
In 1999 and 2000 you were opposed to the Brookhaven National Laboratory to prevent them from operating the Relativistic Heavy Ion Collider, but it has operated without incident. Why are you opposed to the LHC now and what’s the main difference with the Brookhaven’s Relativistic Heavy Ion Collider ?
The LHC will cross a new energy threshhold that the Relativistic Heavy Ion Collider could not attain. This opens the door anew for the possibility of creating microblackholes, strangelets, etc.
Do you have some feedback from people that read your theory in the news ? What are they thinking and are they supporting your fight ? Do you care about what people are thinking concerning your theory ?
Most of the people who contact me recognize the sound­ness of the arguments, and are horrified that the LHC folks are willing to take a risk with their lives. Yes, I do care that people correctly understand the risks involved, and have a say in the matter.
What is your opinion about the science and the morals ? Is a discovery worth of everything ? Is the LHC impor­tant enough to risk a major cataclysm ?
There is a lot of science left to discover, particularly in Space Sciences. We need to launch more satellites, and venture into space as planned. The ‘discoveries’ that might be made by the LHC are miniscule, though

they’re ‘hyped’ as being the answer to everything, and exceptionally risky as an undertaking.
Is the black hole the only danger about LHC?
In the higher energy collisions it’s expected to make a large number of strange quarks. Under some theories, those ‘strangelets’ can recombine to form a more sta­ble form. If so, it might be possible that this new type of atom would thereafter be capable to converting normal atoms, upon contact, into more of itself in the form of a large strange-matter atom, releasing fusion energy in the process. This Could conceivably result in a runaway fusion reaction that could not be stopped !
What are your plans until the switch on of the LHC ?
I’m continuing to work with the LHC Defense organiza­tion to obtain the injunction.
If the LHC will be operating without any incident and if someone will be planning to build an even bigger atomic collider, will you oppose to the next one ?
Yes, if the LHC were to operate, and it were unable to create a blackhole or a strangelet because the energy was not high enough, that does not mean that a higher energy collider couldn’t do that.


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Remerciements à:
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l’Ecole Cantonale d’Art de Lausanne (ECAL)
son directeur Pierre Keller
son directeur adjoint Claude-Alain Mayor
les membres de l’association ContrAtom
Paul Bonny pour son aide précieuse
Gino Nibbio pour ses corrections
les témoins-clés de ce travail
Pierre Allemann
André Gsponer
Walter L. Wagner
Sans vous tous rien n’aurait été possible.
Ce livre est avant tout une extraordinaire aventure humaine. Grâce à ce travail, j’ai
rencontré des personnes qui m’ont accordé:
leur temps, leur aide et surtout leur con-
fiance. Mais avant tout, je dédie ce livre
à Pierre Allemann et son combat dans l’es-
poir que son histoire serve à prévenir les
générations à venir.
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Publié par:
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Copyright:
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Jas Rewkiewicz
extrait du travail de diplôme
ECAL 2008

jeudi 25 septembre 2008

Tatiana Hlukhava-Kasperski: The Chernobyl Nuclear Accident and the Identity Strategies in Belarus.


The collapse of the Soviet Union coincided with and was precipitated by the public revelation of the true scale of the Chernobyl nuclear accident. The Republic of Belarus was forced to manage the consequences of its territories’ substantial radioactive contamination along with the strong popular dissent that resulted from the three-year cover-up of the true consequences, and the political and economic transformations provoked by the dissolution of the Soviet Union, all at the same time. The contentious nationalist movement, represented mainly by the Belarusian Popular Front (BPF), challenged the Belarusian governing elite, which was fated to undergo political changes it didn’t aspire to. The challenger’s political and cultural claims received considerable popular support in the period of 1988 – 1991, mostly because the BPF was perceived as the political force that put an end to the dissimulation of the Chernobyl accident’s outcome and the dangers inhabitants of the contaminated areas and liquidators incurred.
Nevertheless, Belarusian separatist nationalists didn’t come to power. Marc Beissinger states they “failed mobilizationally but succeeded substantially”.[1] In other words, their demands for sovereignty from the USSR and the adoption of Belarusian as the state language were satisfied, but State authorities were the ones who obtained “the control of the success of nationalism” [2] by co-opting the main contentious demands. Thus, independence was mainly achieved through the strong influence of the external developments that made it unavoidable. The country became involved in the process of nationalization, democratization and market opening. These costly reforms would add to the enormous expenditures caused by the relocation of the population from the contaminated areas, the payment of compensations to the Chernobyl victims and the economic losses caused by the radioactive contamination. The reforms were then rapidly abandoned, and an authoritarian regime was progressively instituted after Alexander Lukashenka’s arrival to power in 1994 on the issue of the first democratic presidential elections in Belarus.
Keeping in mind the complexity of the political and economic transformations after independence and during the rule of Alexander Lukashenka, we’ll firstly focus on the connections between the management and the perception of the consequences of the Chernobyl disaster. Secondly, we’ll discuss the nationalization policies engaged by the governing elite and contentious actors. Those policies correspond to what Rogers Brubaker called “the forms of nationalism that have resulted from the nationalization of political space”, and “are different from – and less familiar than – those that helped engender it”.[3] Both the State officials and their challengers tried to impose their nationalization projects to the new independent Belarus, praising their visions of national identity and the related political order that came with it. By doing so they were seeking to legitimize their authority or aspirations to power in the new institutional and political framework.
We will be analyzing these national identity strategies, focusing on the representations they constructed of the Chernobyl Nuclear disaster in an attempt to promote the sense of belonging to the Belarusian “imagined community”.[4]
Nation here is not to be understood as a real substantive entity, but as institutionalized form, practical and cognitive category[5], symbol[6]. Identity is here considered not as an intrinsic quality or a stable definition of something bounded, well-defined, homogeneous but as a process.[7] This process “includes many voices and varying degrees of understanding and, importantly, misunderstanding. It produces ceaseless changes, because even “to talk about identity is to change or construct it, despite the dominant epistemology of identity, which specifies immutability”[8] This understanding of nation and of national identity conduces us to consider the identity strategies engaged by the main Belarusian political actors, not only as an attempt to define the national community, but also as a form of establishing their “control over the imagination about community”[9] as Mark Beissinger suggests in his analysis of nationalism.
What are the national identity projects promoted by the main Belarusian political actors? How do they try to translate those identity representations into practices and institutions? What is the role of the collective memory of the Chernobyl disaster in these identity strategies? To answer these questions we’ll describe the characteristics of the Belarusian national community, imagined by State officials and contentious actors, and expressed through symbols, rituals, and narratives of different historical events that stigmatize enemies and glorify heroes. While examining the narratives of the Chernobyl disaster in the framework of two identity projects, we’ll focus on the mechanisms of description of “us” and “them”. The use of such terms creates imaginary frontiers for the community, and emphasizes the similarities between community members and their differences with non-members. The construction of enemies and threats will be one of the possible definitions of this otherness. We’ll also highlight the articulation of the past, present and future of the Belarusian community as it appears in the discourses of the Chernobyl disaster and its consequences.
Our analysis will focus mostly on the period from 1994 to the present. In fact, the Chernobyl disaster first became part of the nationalist discourses of the political forces contesting communist rule on the eve of the Soviet Union collapse. The official state discourse on Chernobyl disaster, and its role for the Belarusian people/nation, began to take shape after Alexander Lukashenka arrival to power in 1994.

Belarusian national community…

A … in official discourse and practices

1) Common past “from Great Patriotic War to the collapse of the Soviet Union”

In his discourse for the 60th anniversary of the victory in World War II, the Belarusian president summarized the official version of the common destiny of the Belarusian people: “we experienced three disasters during the last century: namely, the Grand Patriotic War, the Chernobyl tragedy and the collapse of the country – the Soviet Union”.[10] Thus, within the framework of the official Chernobyl discourse, the disaster is depicted as an unforeseen misfortune, which caused considerable losses to Belarusian people and is likened to two other national traumas: World War II and the collapse of the Soviet Union. Overcoming these miseries and restoring all the benefits the Belarusians had under Soviet rule is considered by the present-day Belarusian authorities as an important social and political goal.
The parallel established between the Chernobyl disaster and World War II is extremely important to understand the official national identity strategy of the Lukashenka regime. The memory of the “Great Patriotic War” is the main pillar of the historical narrative this official identity project is based upon.
During the Soviet period, the Communist Party created, as Nina Tumarkin describes in detail, a “full-blown cult of the Great Patriotic War, including a panoply of saints, sacred relics, and rigid master narrative of the war”. [11] This cult had a particular influence in Belarus where a very important partisan movement struggling against the invader was developed. Belarus also suffered the greatest destruction and losses. This explains a very strong Belarusian attachment, particularly in older generations, to the Soviet values and symbols. After his arrival to power, Lukashenka utilized this narrative to confirm his authority’s legitimacy. Lukashenka presented himself as the main defender of the sacred memory of the heroic exploit of the Belarusian people against all those who try to depreciate it. Thus, the cult of War was maintained and even reinforced under Lukashenka’s rule. The victory in the War is commemorated as a foundation myth of the Belarusian national community and serves to glorify the Soviet system and the principles and values upon which it was based.
Comparisons between Chernobyl and the Great Patriotic War are often present both in personal retellings of the event and in the official discourse. They contribute a great deal to the insertion of Chernobyl in the official historical pro-soviet narrative framed in terms of tragic catastrophes that became glorious victories through heroic exploits. Lukashenka suggested perceiving Chernobyl disaster as another battlefront for Belarusian nation which will unavoidably come out victorious, united and regenerated. By doing so, Lukashenka progressively achieved to supplant the anti-soviet contentious nationalists’ interpretation of the disaster, which was based upon the popular anger triggered by the pro-soviet frame cover-up of the accident, using the references to the Soviet past as a proof of the upcoming revival of the Chernobyl lands.

2) Common present and future: revival of the Chernobyl lands

The commemoration of the Chernobyl disaster is usually an occasion to depict a very positive image of the common present and future of the Belarusian people. Once elected, Alexander Lukashenka suggested a new approach to managing the Chernobyl disaster consequences, which broke the previous state policies in this area. The measures taken in the early 90’s were now considered too brutal and alarmist. The new policy aimed at solving two problems: the depopulation of the contaminated areas and the abandonment of vast agricultural lands. Hence the official discourse began to actively promote the recovery of the affected areas and the return of the people to these lands. This new policy was framed in terms of revival and consolidation of the Belarusian people in the heroic reconstruction of the injured homeland.
This shift in discourse and in policies allowed the government to break the deadlock in the management of the Chernobyl disaster consequences. Indeed, the State turned out to be incapable of providing relocated people with decent life conditions or paying the compensations to the inhabitants of the contaminated areas and to other victims of the accident. In fact, the budget expenditures dedicated to managing the Chernobyl consequences between 1991 and 1995 were less than 15% of the total amount of the social and economic damages provoked by the disaster at the same period.[12]
Alexander Lukashenka succeeded in supplying a positive interpretation of this State impotency by suggesting the country should not passively undergo the disaster consequences or admit losses in land, housing and employment. Instead, Belarus would have to overcome the tragedy and become the master of the situation. By doing so, the president aimed at establishing himself as a strong, proactive leader capable of consolidating the people and performing what his predecessors had failed to achieve: the overcoming of the disaster and the reconstruction of the national community. Neglecting the multiple risks of living and working in contaminated areas was the underside of this new approach..
For this new policy as well as for the official identity and memory strategy, revival became the watchword. Keeping his habit of highlighting the success of his policies, President Lukashenka confessed, on April 26, 2005, during his traditional trip to the affected “If someone had asked me 10 years ago whether we would manage to do so much I would not have believed we could. But the people did a lot assisted by the government”.[13] He was thus convinced that “in 20-30 years the damaged lands will be revived to be no worse than they used to be before the Chernobyl tragedy”.[14]
This revival rhetoric contributes not only to justify the decreasing expenditures on the post-accidental policies and the negation of the risks related to the recovery of the contaminated areas but also to maintain and to legitimize the very paternalist and populist style of government Lukashenka regime is based upon. Thus, Belarusian officials constantly emphasize governmental and personal presidential concern for every victim of the Chernobyl disaster. The authorities’ attitude towards the inhabitants of the contaminated regions is depicted by the official mass-media in very emotional terms. Their description bears more resemblances to parental child care than to the implementation of a public policy by State institutions.

A bit of attention is the best possible support to anybody who has got in trouble through no fault of his. If the people around you sympathise with your difficulties, try sincerely to help you overcome them, the latter don’t seem so hopeless anymore. In their support of the « chernobylians » the authorities have adopted this very attitude : no to shed tears because of what happened. Unfortunately, this won’t change anything. But to help to do all possible to make the living in the affected districts as good and decent as in the rest of the country. The more especially as two decades after the nature itself helps us to overcome the Chernobyl disaster.[15]

Belarusian president is depicted as taking to heart all the Chernobyl victims’ difficulties, and all the State activities related to the management of the disaster’s consequences are accomplished under “personal patronage of the president”. His annual April trip to the contaminated areas has become a political ritual that aims at demonstrating his dedication to Belarusian people and the crucial role of his political will in overcoming the Chernobyl consequences. The following excerpt from the official description of these trips is illustrative:

Every April the residence of the Belarusian President moves to Polesye. The inhabitants are eagerly anticipating Alexander Lukashenka’s visit since it is a chance for them to directly transmit their concerns to the head of State, show their achievements and point to their problems. These visits are even more important for the residents of the contaminated towns and villages because the President’s trips are followed by crucial solutions and concrete measures which really improve the situation.[16]


B… in opposition discourse and practices

1) Common past: national community oppressed during the Soviet period.

Unlike the official discourse on the glorious soviet past of the Belarusian people the challengers of the Lukashenka regime depict the Soviet period as a tragic and gloomy interlude in the national Belarusian history. During the commemoration of the Chernobyl disaster anniversary the contentious forces aim at highlighting the existence of a national Belarusian community rooted in the ancient history, which goes back long before the Soviet period. The Chernobyl disaster representations are part of the past contentious nationalist tale articulated around the celebration of the glorious moments in the national Belarusian history and the tragedies the community experienced.
The historical moments put forward by the challengers of the Belarusian regime are most often related to the periods when Belarusians had the premises of their own distinct culture or state structures. The Great Duchy of Lithuania is therefore seen as a sort of golden age for the Belarusian nation. This historical period is mostly appreciated for the principles of government adopted by the political elite and the role played by the society of the time, transforming it into the symbol of both the rule of law and the society control over the government.
Another important contentious nationalist memory site is the proclamation of the Belarusian People’s Republic on 25, March 1918 during the World War I when the territory of Belarus was occupied by the German troops according to the Treaty of Brest-Litovsk. It ceased to exist since Belarus was taken under Soviet control when the Red Army arrived and the Belarusian Soviet Socialist Republic was founded in 1919. The government or the Rada (council) of the BPR went to exile and still exists. This short State experience has nevertheless a very important symbolic significance and is considered by the contentious nationalists as a glorious moment of nation-building history which obliged the Soviets to create the distinct State entity - Byelorussian Socialist Soviet Republic.
This long and glorious pre-soviet and anti-soviet history of the Belarusian national community is often highlighted during the contentious rallies and demonstrations including the annual commemoration of Chernobyl disaster. Thus, the use of both the three-striped flag – white-red-white – and the coat of arms Pahonia (which can be translated as Chaser) is a symbolic means to evoke this centuries-old glorious past. Their own history, say the contentious nationalists, is closely related to the history of the GDL and the BPR.[17]
The religious references, commonly found in opposition discourses on Chernobyl, and the religious symbols, often used during the opposition commemoration rallies, also contribute to emphasize the traditional Belarusian communities’ values break-away from soviet atheism.
The losses and tragedies experienced by the national community throughout its history is another important part of the collective memory mobilised by the contentious identity project. The negative historical symbols seem to assume higher importance for the identity strategies developed apropos the Chernobyl disaster.
The Chernobyl disaster is depicted as one of the of the Soviet system crimes against the Belarusian national community, repressed for many centuries by successive imperial authorities when it finally had a new chance for its revival after independence. The sufferings endured by the Belarusian people are emphasized in order to unify the national community. This victimization identity strategy can be identified through the frequent use of the term “genocide” in the nationalist rhetoric of the opposition forces.[18] Besides serving as a description of the Stalinist repressions period “genocide” is also associated with all the other major events in the last three centuries of the Belarusian history: the war between Muscovy and the Great Duchy of Lithuania in 1654-1667, the annexation of the Belarusian lands by the Russian Empire after three partitions of the Poland in 1772, 1791 and 1794, the policy of russification, the World War I, the October Revolution, the collectivisation, the Stalinism, the World War II, the Brezhnev period and the Chernobyl Disaster.[19] Furthermore, genocide, in this context, means not only the physical destruction of the Belarusian population, but also the destruction of the Belarusian language and culture (cultural genocide) and the use of the ecological disaster caused by the explosion on the Chernobyl Nuclear Plant against the country’s population (radio-genocide).
Thus, the interpretations of the Chernobyl disaster suggested by the contentious nationalists put forward the confrontation between communist criminal authorities described as colonizers and the Belarusian nation-victim, which endures the consequences of the disaster as an ultimate test of its survival capacity and unity, a test that contains a strong mystical and religious sense.
This national interpretation of the history appears through the parallel which is drawn between the Chernobyl disaster and the mass grave site of Kurapaty. Since its public revelation in June 1988, Kurapaty, a grave site where more than a hundred thousand bodies slaughtered by the NKVD between 1937 and 1941were discovered, has became the symbol of the Stalinist and Soviet repressions against the Belarusian people. This site of mass murder became an important memory site for the political movement contesting communist regime, and later for Lukashenka regime itself, considered the follower of the worst Soviet traditions. The commemoration of the dead is organized in Kurapaty several times during the year, especially at the end of October - beginning of November, on Dziady (All Saint’s Day) which was initially a traditional popular ritual of commemoration of ancestors.
Furthermore, Kurapaty and Chernobyl are now commemorated as the two Belarusian national tragedies which caused an important national uprising against criminal authorities in the late 80’s and early 90’s. This protest movement led the country to its independence and is now perceived by the contentious nationalists as proof of the vitality of the national community which was repressed for a considerable amount of time. It is also symbolic of the people’s indignation towards the authorities that have violated their rights to freedom, to culture and to the protection of life and health.
This martyr community, however, was not able to fully enjoy the opportunity for its fulfilment gained after the independence due to the instauration of the authoritarian rule after Alexander Lukashenka’s arrival to power in 1994. According to the opposition, the Lukashenka regime became a «political Chernobyl» for the Belarusian nation.

2) Common present: Lukashenka regime as political Chernobyl

In contrast with the optimistic vision of the official Chernobyl lands’ revival, the opposition refers to a political Chernobyl to qualify the regime instituted by President Alexander Lukashenka.
In his speech, delivered on the occasion of the 20th anniversary of the Chernobyl disaster, Alexander Milinkevich, opposition candidate for the presidential elections of March 2006, declared: “ The tragedy that happened 20 years ago could have consolidated the nation in the name of the future”. Yet, ten years after the disaster a coup d’état occurred which led us to another disaster, probably even more serious – a true spiritual and political Chernobyl[20]».
According to those who contest the Lukashenka regime, the current Belarusian authorities do nothing but continue the soviet crimes: the real dangers of the radio-active contamination are kept secret, the contaminated areas are officially declared as clean and are intensely farmed, the young employees and experts are sent there against their will, especially in the framework of the first compulsory job assignment after the university. Some categories of the affected populations were even deprived of certain privileges they were given in the early 90’s to indemnify the damages caused by the Chernobyl disaster.
Thus, Chernobyl remains essentially a political problem which can be solved only through the country’s democratization and the destitution of a regime based on violence and lies. The frame “Political Chernobyl” is therefore used as a metaphor to describe the current political situation of the country: the repressions against the opposition, the violation of human rights, and the break of political and economic freedom.

I. Belarusian Community’s “others” and threats…

A… in official discourse and practices

1) Invisible enemy and the threat of disappearance.

The official discourse on the Chernobyl lands’ revival is far from being incompatible with the ceaseless recall of the dangers threatening the people. The references to the threats related to the Chernobyl consequences is another symbolic means to imagine the community of people united by the necessity to protect themselves. What is silenced is not the threat itself, but the political responsibilities for putting in danger the inhabitants of the contaminated areas. Instead, the Chernobyl lands’ rehabilitation policy is described as a fatality or even a proof of courage and heroism. The policies of the early 90’s that led to the depopulation of the affected areas are presented as lacking lucidity, good sense and resoluteness in the critical situation. So long as the living on contaminated areas is accepted as a fatality, evoking the radioactive danger serves to constantly emphasize the national community and the government’s heroic attitude which dared to keep a straight face to the threat.
Thus, the Chernobyl disaster consequences and the radioactive contamination presence are still framed in terms of an exterior enemy and a silent war against the Belarusian people even if the contaminated areas’ inhabitants have been dealing with them on a daily basis for more than 20 years. This war against an invisible and perfidious enemy requires the national community to be united and vigilant.
An article on the disaster’s 20th anniversary written by a journalist for the main newspaper, for example, reads:

A silent war, that caesium and strontium still continue to deliver against Belarusian people 20 years after the disaster. The first attack of the Chernobyl against our health – through radioactive isotopes of iodine – was sudden and short. Then, it was the heavy artillery which entered into the battle – i.e. caesium and strontium. Will we be able to strike back? [21]

This war frame serves some political objectives. It contributes to dissimulate the political responsibility for the accident and the management of its consequences. It helps maintaining an everyday power control over every individual through prescription of innumerable rules and norms of behaviour in the contaminated areas such as regular compulsory controlling of the internal contamination and state of health levels, and measurements of alimentary and environmental radioactivity. The issue of living on the contaminated areas is thus efficiently depoliticized, since the individuals themselves are held responsible for the state of their health, instead of the authorities which have done all their best informing the population on the risks and prescribing the rules. Thus, this interpretation of the Chernobyl disaster contributes to maintain a very paternalist and authoritarian management system of the Chernobyl disaster and to legitimate the current political regime.
Another way to describe the threats requiring constant society mobilisation under the direction of the authorities is the discourse on demographic crisis and the concern about «demographic security [22]». This preoccupation is regularly expressed in numerous speeches and has been translated into two national programs for demographic security. It is frequently reminded that the country’s population has been constantly decreasing since 1994, as a result of the strong mortality and low birth rates. Chernobyl-affected areas are the most threatened by depopulation. In 20 years, the Gomel region has lost about 9% of its inhabitants (150.6 thousands of persons), and the Moguilev region about 7% (88.1 thousands of persons). Thus, the Chernobyl disaster is indirectly associated with the possible decline or even disappearance of the Belarusian community, which has to mobilize immediately in reaction to this threat.
In an interview dedicated to the demographic problems in Belarus, the Belarusian vice- prime minister highlights that the demographic security is one of the main elements of the national security. Thus caring for one’s health and giving birth to children is a duty of every citizen toward the State and the people as a whole:

The children are not only the future of each family. They’re the real strategic resource for the State in the geopolitical space. For without citizens there is no country – nobody to protect it, nobody to create its GDP, to increase its scientific and cultural potential, nobody to support the old generation […] Many people have this not very serious attitude towards their health and the health of their children, towards their future […] We are constructing the State for the people, but the people also have to exist for the State. We’ll claim that people take care of their health. We won’t allow the citizens of the country to simply depart this life![23]

This demographic discourse shows a very technical and centralised management of the public health and demographic problems, where people’s life is primarily seen as a resource for the authorities and it is not appreciated for itself. It also highlights the policies encouraging the contaminated areas rehabilitation, which are based on the statistic comparison of the possible additional losses due to the harmful effects of the radiation on human beings and those provoked by the abandonment of the agricultural lands and industries in the contaminated areas.
From the evocation of external enemies and threats of the Belarusian people the official discourse easily proceeds to the stigmatisation of its internal enemies.

2) Opposition as an internal enemy

The threats related to the consequences of the Chernobyl disaster and the demographic problems are instrumentalized by the Belarusian authorities to legitimate the growing control over all spheres of the political and social life and the repressions against the opposition. Thus, those who protest against the regime and its post-accidental policies are accused of seeking to use the Chernobyl disaster to destabilize the Belarusian society, to provoke conflicts inside it and to prevent the government from helping Belarusian people to return to a normal life.
Commenting upon the protest commemoration of the Chernobyl disaster in April 2004 Belarusian president qualified its participants as hoodlums (otmorozky):

Is this an opposition? People called them by their right name, “hoodlums” (otmorozky), no one can’t say better. And, generally speaking, how is it possible to transform, say, the Chernobyl tragedy into the instrument splitting the society ? It can’t be logically explained. At all times the troubles have rallied people in Belarus. People get together to overcome it . Look what they are doing ! A political show, a performance based on human grief![24]


During his traditional annual trip to the contaminated regions Lukashenka often accused the opposition of impeding the State’s struggle against Chernobyl:

Lately, they are particularly aggressive about the new State’s approaches to the management of the Chernobyl disaster consequences and to the revival of Chernobyl lands. But our people can not accept this destructive attitude and show their love and their dedication to their homeland[25].


3) The rest of the world: between accusation and messianism

The way Belarussians define themselves in opposition to the rest of the world – i.e. the other countries and communities – form an important part of the Belarusian collective imagination framed by the official identity strategy. How do such representations appear in the Chernobyl discourse ? Firstly, the authorities usually emphasize the fact that Belarusians are those who suffered the hardest consequences from the Chernobyl disaster. “ The Belarusian Chernobylians are the most Chernobylian” – as summarized by a Belarusian researcher. [26] Thus, the representations of others are based on the belief that the whole world is indebted to the Belarusians who got the most important part of the fallouts and damages caused by the Chernobyl disaster. This national tragedy is also pictured as a source of national pride since Belarusians managed to hold out in this tremendous battle. The official discourse insists that Belarus did almost without any help from other countries. This is another important point in the way Belarussians represent themselves in opposition to other peoples.

While the world got engrossed in the debate about causes and guilt, Belarus, virtually alone, was trying to cushion the impact of the disaster. And the country held out[27]!

This frame that keeps on ignoring all the international help received by Belarus became a constant element of the official Chernobyl discourse and is used for different strategic purposes which influence identity representations. Thus it is sometimes used to highlight a kind of messianic role the Belarusian community has endorsed experiencing the most important accident of the world.
But the use of this frame mainly reveals the Belarusian’s’ definitions of their relationship with other countries, or more precisely the perception they have of Russia and the Western countries. The choice between Russian or Western vectors in Belarusian foreign policy constitutes the crucial geopolitical choice for the future of the country and has been fiercely discussed by different political forces since independence. Moreover, the geopolitical vector is the major indicator of the difference between the identity projects defended by Belarusian State and opposition forces.
Thus, the official identity project put forth in the references to Chernobyl disaster is characterized by the pro-russian and anti-western orientations.
The necessity to maintain a close relationship with Russia is a constant element of the Belarusian official discourse and is part of different forms of the official apologetics of the Soviet past and of the historical and cultural unity of the Slavic people. This constantly expressed desire to further integrate with Russians doesn’t imply, however, the negation of a specific Belarusian identity. As for the discourse on the glorious Soviet past and the Slavic unity, the emphasis is on the important and unique role played by the Belarusian people in the whole region and never on the dissolution of the Belarus in some supra-national entity. Belarusians are presented as those who preserve the most fiercely the memory of the Soviet grandeur and are the most fervent defenders of the weal of all fraternal nations i.e. their re-established unity. This constitutes Belarusian specificity in the eyes of the Belarusian president. In this discursive frame Chernobyl disaster is seen as a common tragedy (not at all as common fault or responsibility) though it was most harmful for the Belarusians. The brotherly Russian people is thus supposed to help Belarus in distress. Providing cheap or even free energy resources, for example, is one way to help.
Thus, in 1999 in his speech delivered in Russian Duma Lukashenka said:

By the way, about Chernobyl. The Chernobyl plant was constructed (everybody knows it already) not in our territory, we didn’t blow it up and it was not our fault, but the consequences of this disaster are all ours. Who has helped us? Maybe those who now shout loudly about the violations of human rights and freedoms in Belarus? Nobody has helped us! We were left alone in the face of the awful disaster consequences. My country has to spend annually a quarter of our budget (Think about it, You’ve just adopted a new budget, do you have such budget heading?), a quarter of our budget, every fourth rouble on the management of the consequences of this terrible disaster. How can you speak about wealth today?! Of course, it is much easier to reproach Belarus for 200 billion dollars debt for Russian energy supplies[28].

But the main enemy which is stigmatized in this discourse on the lack of international assistance are western countries. The West is constantly depicted as an external force which is interested purely in destabilizing the country and in preventing it from becoming a strong rival:

I was already saying 10 years ago that we can only rely on ourselves in coping with the Chernobyl problems. I saw pretty clearly then that nobody would help us for free, even if we were in distress. The opposition shouted loudly at this time “ the West will help us”. But generally speaking the West has helped nobody. We knew that we would not receive any substantial humanitarian aid, as well as Russia or Ukraine. Apart from some individuals whom we rewarded and who have really helped us. (…) Nobody will help us in order to “level us up” a little bit. Nobody needs a rival. Everybody needs us to be weak. And we want to be strong. But we can only rely on ourselves to become strong[29].


B … in opposition discourse and practices

1) Lukashenka regime and the physical disappearance of the nation.

The threat of physical disappearance is also used by those who seek to overthrow Lukashenka’s regime. It is supposed to weld Belarusian national community in the struggle against of the authoritarian regime. The opposition representatives emphasise the disastrous demographic situation in Belarus. The governmental policy of negation of the radioactive risks for the population is depicted as one of the main causes of the demographical crisis.
Thus a Belarusian academician Ivan Nikitchenko, who supports the Belarusian Popular front in his Chernobyl activities begins one of his numerous articles dedicated to the Chernobyl consequences and demographic problems in such a manner: « From 1993 the Belarusian population has crossed the threshold where the extinction of the nation starts, i.e. the demographic catastrophe. »[30]
Zianon Pazniak, the ex-leader of the Belarusian Popular Front, denounces the « Chernobyl genocide » accomplished by Alexander Lukashenka’s regime:

The conditions have now been created. We can expect the radioactive extinction of the Belarusian population, the loss of health of the Belarusian nation and the increasing illness of the Belarusian children. Every time Belarusians try to do something to struggle against the consequences of Chernobyl, they meet an open or hidden resistance to the national salvation[31].

The demographic statistics are quoted to illustrate this discourse[32].
Getting people informed of this extreme threat is supposed to help the oppressed nation to get consolidated in the struggle for its survival which requires the destitution of the Lukashenka regime and the achievement of the country’s full independence. This independence is first of all considered as a freedom from the colonial dependence from Moscow.

2) Chernobyl as the consequence of the Soviet-Russian genocide. The demand for reparations

Russia and its colonial ambitions are depicted through the commemoration of the Chernobyl disaster as the main external threat of the Belarusian national community and its cultural, economic and political fulfilment. This stigmatization of Russia takes different discursive forms. Some radical contentious nationalists see all the policies related to the management of Chernobyl disaster consequences as the result of Russia’s will to destroy Belarusians using the puppet Lukashenka regime: “Chernobyl genocide of the Belarusian people is a Moscow’s hidden policy and a Lukashenka’s open policy”.[33]
The demand for reparations of the damages caused by the Chernobyl disaster addressed to Russia is another symbolic means to highlight the frontier between Russia and the Belarusian community. This demand is often articulated in the discourses of the contentious nationalists. It is suggested that Russia, as the legal successor of the Soviet Union, should pay the reparations to indemnify the consequences of the disaster made possible by the soviet authorities. Such a demand, which in reality has little chance to be satisfied, has above all a symbolic meaning. It aims to brake away from the official discourse on the fraternity and the common destiny of two nations.
Finally the negative representations of the eastern neighbour shows in the opinion, constantly expressed by the opposition members, that the Belarusian dependency from Russia is the main obstacle for the democratisation of the country and its opening to the (western) world considered as the necessary conditions to the successful management of the Chernobyl consequences.

3) Openness to the Western world and the return to Europe as a unique hope to overcome Chernobyl
The international isolation of Lukashenka’s Belarus is depicted as the major obstacle in organising an effective assistance to the Chernobyl-affected populations. Thus, in spring 2006, when the State and the opposition commemorated the 20th anniversary of the disaster, the leader of the United Civil Party Anatoly Lebedko commented on the international conference organized by the Belarusian authorities: :

We have to understand that as long as this regime goes the successful solution for all the problems the « Chernobylians » are facing is impossible. Iouchtchenko, Putin, Adamcus, Katchinsky, presidents of the neighbouring countries that have experienced firsthand the Chernobyl problems haven’t come to Minsk for the international conference, dedicated to the 20th anniversary of the Chernobyl disaster. This is significant. Belarusian authorities that have chosen the policy of auto-isolation have demonstrated that their ability to cope with real problems is minimal. The political component of the Chernobyl issue appears to be the most important.[34]

The negative consequences of this isolation are often illustrated by the concrete examples of how the authorities impede the realisation of the international assistance projects to the affected populations: the state’s stranglehold on the distribution of the international humanitarian aid, the repressions against Belarusian non-governmental organisations that cooperate with the western organisations and seek to provide Chernobyl victims with the assistance, the restrictions on the abroad travel of the children from the affected areas which was a very common form of assistance provided by the families of western countries willing to help the children of Chernobyl.
At the symbolic level the openness to the world is above all understood as the return of the Belarusians to the European context, seen as the synonym of the democratisation. Thus in his speech delivered to the European Parliament on the occasion of the 22nd anniversary of the Chernobyl disaster one of the leaders of the BPF Vintsuk Viachorka declared:

I do not see ways to change strategies of rescuing the Belarusian nation without the country’s return to the path of freedom, democracy, and European values.[35]


Thus, the analysis of public tales of the Chernobyl disaster highlights the process of making a meaning out of what was the most important nuclear accident in the human history. This disaster’s interpretations as well as the authorities’ responses to it have been significantly changing since the end of the 80’s depending upon the political and institutional context and political actors’ strategies. Such interpretations have been shifting from the strong anti-Soviet resentment to the apologetics of the soviet past and soviet system. The revelation of the magnitude of the accident and of the official lies and disinformation haven’t helped the opposition nationalists to successfully mobilize anti-soviet national identity and to overthrow the governing elite. But the memory of the disaster is still a very important part of the identity strategies of both the State and its challengers in Belarus. Twenty years later, the disaster is still subject to reinterpretation regarding its social, political or cultural meaning as well as its physical, biological and medical consequences. Thus, the recent decision of the Belarusian authorities to construct the first Nuclear Plant on the Belarusian territory seems to have created a new ground for the struggle over the Chernobyl memory and its significance for the past, present and future of the Belarusian nation.
[1] Mark BEISSINGER, National Mobilisation and The Collapse of the Soviet State, Cambridge, Cambridge University Press, 2002, p.252
[2] Ibid.
[3] Rogers BRUBAKER, Nationalism reframed : nationhood and the national question in the New Europe, Cambridge, Cambridge University Press, 1996, p.4
[4] The concept derives from Benedict Anderson’s text in which he suggests the following definition of the nation: “… it is an imagined political community - and imagined as both inherently limited and sovereign. It is imagined because the members of even the smallest nation will never know most of their fellow-members, meet them, or even hear of them, yet in the minds of each lives the image of their communion.” See Benedict ANDERSON, Imagined Communities: Reflections on the Origin and Spread of Nationalism, London and New York, Verso, 1991, p.6
[5]Rogers BRUBAKER, op. cit., p.13, see also the whole Chapter 1 “Rethinking nationhood: nation as institutionalized form, practical category, contingent event”, p.13-22
[6] Katherine VERDERY, « Whither “Nation” and “Nationalism” » ?, in Daedalus, summer 1993, volume122, n°3, p. 38
[7] Richard HANDLER, « Is “Identity” a useful cross-cultural concept ? », in John GILLIS (dir.), Commemorations: the politics of national identity, Princeton, Princeton university press, 1994, p. 30
[8] Ibid.
[9] Mark BEISSINGER, op. cit., p.18

[10] The speech delivered by the President Alexander Lukashenka at the solemn meeting on the occasion of the 60th anniversary of the Victory of the soviet people over the fascist invader 10.05.2005, http://law.sb.by/128/, 29.05.08

[11] Nina TUMARKIN, The living and the dead : the rise and fall of the cult of World War 2 in Russia, New York, Basic Books, 1994, p.134
[12] V. E. ŠEVČUK, V. L. GURAČEVSKIJ, Posledstviâ Černobylâ v Belarusi: 17 let spustâ. Nacional’nyj doklad, (The Chernobyl consequences in Belarus: 17 years after. National Report), Minsk, Propilei, 2003, p. 34
[13] Belarus : 20 year-long battle with Chernobyl consequences. Photo album, Minsk, Belta, 2005, p.33
[14] Ibid., p.4
[15] «Belarus’ spravitsiâ s zadačej reabilitacii černobylskih regionov », ( Belarus will deal successfully with the task of recovery of the Chernobyl-affected areas. The report on the president Alexander’ Lukashenka’s trip to the Braguine district and Gomel region on the occasion of the 20th anniversary of the Chernobyl accident, http://www.belta.by, 27.04.06
[16] Belarus : 20 year-long battle with Chernobyl consequences. Photo album, op. cit., p.33
[17] Indeed, Pahonia was the official coat of arms of GDL until the annexation of the Polish-Lithuanian Commonwealth by the Russian Empire in 1795. The legend origins of the white-red-white banner are related to the battle of Grunwald when the armies of Poland and the Great Duchy of Lithuania defeated the German knights of the Teutonic Order and a white bandage soaked with blood was used as a victorious banner. But Historically White-Red-white flag first appeared only in 1918. The Pahonia and the white-red-flag became the official symbols of the short-lived Belarusian People’s Republic
[18] On the use of the term genocide by Belarusian nationalist opposition see Alexandra GOUJON, « Genozid » : a rallying cry in Belarus. A rhetoric analysis of some Belarusian nationalist texts » in Journal of Genocide Research, n° 1(3), 1999, pp.353-366
[19] Zânon PAZNÂK, « Fizičnae zniščèn’ne belaruskaj nacyi » ((Physical destruction of the Belarusian nation)) in Zânon PAZNÂK, Novae stagoddze (New century) , Vilnius, Tavarystva Belaruskaj Kultury ŭ Letuve ; Warsaw, Belaruskiâ vedamas’ci, 2002, pp. 45-50
[20] Alexandre MILINKEVIČ, « Ostanovim političeskij Černobyl » (Let’s stop the political Chernobyl), http://www.afn.by/news/docview.asp?id=716, 23.04.07
[21] Lûdmila KIRILLOVA, «Tihaâ ohota», (Silent war) in Belarus’ Segodnâ, №78, http://www.sb.by/article.php?articleID=51156, 26.04.06
[22] In 2006 Belarusian government adopted the “National Program for the Demographic Security of the Republic of Belarus for 2007 - 2010”
[23] “Demografiâ : vopros žizni i smerti dlâ nacii, ili kak belorusskiï krest prevratit’ v belorusskiï plus”, (Demography : a matter of life and death for the nation, or how to turn Belorusian cross into Belarusian plus”), interview with the Belarusian vice-prime minister Alexander Kossinets, http://www.government.by/ru/rus_interview20070502.html, 21.02.08

[24] The speech delivered by the President of the Republic of Belarus on the occasion of the annual Presidential Address to the Parliament of the Republic of Belarus, http://www.president.gov.by/press18792.html#doc, 20.06.08
[25] «Belarus’ spravitsiâ s zadačej reabilitacii černobylskih regionov », op. cit.
[26]Ûriï ŠEVCOV, Ob’edinennaâ naciâ. Fenomen Belarusi (A united nation: the Belarusian phenomenon), Moscow, Evropa, 2005, p. 141,
[27] Belarus : 20 year-long battle with Chernobyl consequences. Photo album, op. cit., 2005, p.4
[28] The speech delivered by Alexander Lukashenka at the plenary session of the State Duma of the Russian Federation on 27 October 1999, http://1.nestor.z8.ru/14/BELARUS.zip, 24.05.2001
[29] “Silnymi nas ne sdelaet nikto, krome nas samih” (We can only rely on ourselves for becoming strong), http://www.president.gov.by/press12134.print.html, published on 26.04.05
[30] Ivan NIKITČENKO, “Ècologičeskaâ ugroza Belarusi“ (Ecological threat over Belarus), in Narodnaâ Volâ, 13.09.2007, http://www.charter97.org/bel/news/2007/09/13/eco, 20.06.08
[31] Zânon PAZNIÂK, “Slova ŭ 15-û gadavinu Čarnobyl’skaï tragedyi” (A message on the occasion of the 15th anniversary of the Chernobyl tragedy), in Belaruskiâ Vedamasci, n°4(34), April 2001, p.1
[32] Uladzimer STARČANKA, “Idze Čarnobylskaâ vaïna!”, (Chernobyl war is going on!), in Belaruskiâ Vedamasci, n°4(34), April 2001, p.2-4
[33] Zânon PAZNIÂK, “Slova ŭ 15-û gadavinu Čarnobyl’skaï tragedyi” (A message on the occasion of the 15th anniversary of the Chernobyl tragedy), in Belaruskiâ Vedamasci, n°4(34), April 2001, p.1-2
[34] Anatoly LEBEDKO interviewed by the Press Service of the United Civil Party on April 26, 2006, http://www.ucpb.org/index.php?lang=rus&open=9636, 15.06.08
[35] Vintsuk Viachorka’s speech delivered on the 17th of April, 2008 at the European Parliament, http://www.pbnf.org/index.php?index=2&id=2891, 02.06.08