samedi 14 juin 2008

Dr Denis FAUCONNIER: Tchernobyl en Corse

Lyon le 15 mai 2008
Intervention du Dr Denis FAUCONNIER



Les cancers de la thyroïde augmentent en France de façon très importante voire exponentielle depuis la fin des années 70
1,5/100 000/an en 75
2,5/100 000/an en 85
4,5 en 95
9,8/100 000/an en Corse pendant la période 98-2001
Très régulièrement, dans la littérature scientifique et la presse, des spécialistes avancent des arguments pour écarter l'impact de Tchernobyl sur les pathologies thyroïdiennes.
pour eux, ce n'est pas l'effet Tchernobyl car l'augmentation a commencé avant 86 des régions moins contaminées ont plus d'augmentation de cancers de la thyroïde que l'Est de France les
iodes radioactifs n'engendrent pas d'augmentation des cancers de la thyroïde chez l'adulte les
médecins sont plus vigilants et les moyens de dépistage plus sophistiqués, ce qui permet de
dépister des cancers plus tôt.
Ces spécialistes se gardent bien d'évoquer la survenue d'autres pathologies thyroïdiennes dites
bénignes: thyroïdites, goitres multihétéronodulaires (GMHN), nodules, dysfonctionnements...
il est dit: « l'augmentation a commencé avant 86 » oui mais...
En ce qui concerne la faible augmentation avant 86 , vers la fin des années 70, il faut rappeler que l'échographie thyroïdienne a été mise en place à cette époque et il est tout à fait normal qu'à une nouvelle technologie de dépistage s 'associe une augmentation des cas recensés , du moins
transitoirement. La logique voudrait qu'après cette ascension de la courbe d'incidence on retrouve un plateau et non pas un accroissement de l'augmentation. il est dit « des régions moins contaminées ont plus d'augmentation de cancers de la thyroïde que l'Est de France » ce n'est pas exact, de quelle contamination s'agitil?
Dans le Calvados, moins contaminé , ou dans le Tarn, on a des augmentations d'incidence plus fortes que dans l'Est de la France , Alsace. Il faut souligner plusieurs points:
le lait et les produits laitiers sont les principaux vecteurs des radionucléides après un accident;
au début du mois de Mai l'Ouest et le Sud de la France bénéficient d'un climat plus doux.
Dans les pays de l'Est et dans l'Est de la France la plupart des troupeaux sont encore à l'étable,
alimentés par des foins, ensilages et autres aliments engrangés l'année précédente.
Dans les régions où le climat est plus doux les animaux sortent dans les pâturages.
En Corse, les animaux, vaches, brebis, chèvres, sont toujours en stabulation libre, quasiment
jamais alimentés à l'étable , d'où une plus forte contamination en iodes.
Par ailleurs si l'on prend le cas de la Corse, le printemps est plus précoce, les jardins commencent à produire, radis, poireaux, pissenlits, asperges, mais surtout des légumes à larges feuilles, salades, blettes, qui constituent un large réceptacle pour les particules radioactives, notamment si les dépôts se sont faits par temps sec , par bruine ou par brouillard. Il est important de distinguer les différents modes de dépôts des radioéléments en fonction des conditions limatiques. Une pluie ou averse importante pendant le passage d'un nuage radioactif entraînera beaucoup de radioéléments dans la terre et les analyses ultérieures retrouveront beaucoup de césium 137 Un dépôt par temps sec ou par bruine ou brouillard imprégnera d'un cocktail de radioéléments essentiellement la partie aérienne des végétaux et pâturages avec pour conséquence une contamination rapide des animaux, des produits laitiers et des légumes.
Un agriculteur qui projette de brumiser un produit phytosanitaire (qu'il soit systémique ou de contact) ou un désherbant, va avant tout consulter la météo: une pluie entraînerait un lessivage du végétal et le traitement perdrait beaucoup en efficacité.
Il en est de même pour les radionucléides de Tchernobyl. Le pouvoir contaminant d'une bruine, d'un brouillard est plus fort que des dépôts par précipitation en ce qui concerne les végétaux .
Donc en ce qui concerne les pathologies thyroïdiennes il ne faut pas tenter d'établir une corrélation entre la survenue de ces pathologies et la concentration de césium retrouvé dans le sol.
Les pathologies thyroïdiennes doivent plutôt être mises en relation avec les habitudes alimentaires et le mode de vie (ruralité, élevage, autoconsommation...) il est dit
« les iodes radioactifs n'engendrent pas d'augmentation des cancers de la thyroïde chez l'adulte »
c'est faux En Biélorussie à partir d'un registre des cancers le Professeur Demitchik a montré une augmentation des cancers de la thyroïde chez l'adulte de 500% en 15 ans pour la période 19862000.
il est dit: « la plus grande vigilance des médecins et les moyens de dépistage plus sophistiqués permettent de dépister un plus grand nombre de cancers , surtout des microcancers,
c'est à dire des tumeurs inférieures à 1cm de diamètre » faux
Sophie Fauconnier a étudié 201 cas de cancers de la thyroïde survenus en Corse entre 1985 et 2006 avec notamment : les circonstances de diagnostic, le type cellulaire, la taille, le bilan d'envahissement; l'âge, le sexe et le lieu de résidence des malades en 1986 ...
Dans ses conclusions on retiendra qu'1/3 des cancers sont de découverte fortuite; la moitié des cancers de découverte fortuite ont dépassé le stade de microcancer mais surtout on retiendra que les microcancers de découverte fortuite asymptomatiques, sans complication, ne représentent que 8% des cas. C'est à dire que les 92% restant étaient soit des cancers qui s'étaient révélés du fait de leur taille ou du fait de la gène occasionnée ou du fait de troubles fonctionnels associés, soit de microcancers agressifs avec effraction de la capsule ou envahissement ganglionnaire ou métastase.
Au moment du diagnostic parmi les microcancers
11% présentaient des complications, envahissement ganglionnaire ou métastase.
C'est un élément que l'on ne trouve pas dans les études françaises. Est-ce un oubli ou bien est-ce
la manifestation d'une agressivité particulière des cancers de la thyroïde en Corse , région la plus exposée du fait de l'importance des retombées et des habitudes alimentaires des habitants?
En effet, la Corse a enregistré des dépôts de césium 137 en 86 de 4000 à 40 000 Bq/m2 selon les régions, 20 000 à 400 000 Bq d'iode 131/m2 donc 3fois plus d'iode 132.
Les laits de chèvres et de brebis les premiers jours de mai 86 ont contenu des taux souvent supérieurs à 10 000 Bq d'iode 131 / litre , jusqu'à 100 000 Bq/litre pour l'IPSNCEA.
Concernant les pathologies , on a retrouvé 5 cas d'hypothyroïdie néonatale en 86 en Corse au lieu de 1 cas attendu pour 2800 naissances. (23 cas en région PACA au lieu des 9 attendus).
L'incidence standardisée du cancer de la thyroïde en Corse est la plus élevée des régions rançaises surveillées et est deux fois plus élevée que l'incidence nationale.
Pour l'homme l'incidence standardisée du cancer de la thyroïde est 3 fois plus élevée que la moyenne nationale.
Tout cela est reconnu et officiel, nous sommes devant un très fort faisceau de présomptions dans la relation de cause à effet entre les pathologies thyroïdiennes et les retombées de Tchernobyl.
Mais l'étude la plus judicieuse pour cerner l'ensemble de l'impact sanitaire des retombées de
Tchernobyl serait de comparer la santé d'une cohorte qui a subi de plein fouet les effets des radioéléments de Tchernobyl, surtout les iodes, par exemple comparer des personnes nées en 85 et 86, à une cohorte de personnes nées en 88 et 89 qui n'ont pas subi les effets de ces iodes.
Ceci permettrait de chiffrer l'impact de Tchernobyl sur toutes les pathologies thyroïdiennes et autres , malignes ou bénignes, d'une population vulnérable (cancer de la thyroïde, Hashimoto, goitre multihétéronodulaire, basedow, maladies autoimmunes, diabète de type 1, lymphomes Hodgkinien et non Hodgkinien, leucémies etc...).
En tout état de cause il est important de souligner que la radioprotection n'a pas respecté les limites réglementaire en 86, que les habitudes alimentaires particulières n'ont pas été prises en compte, qu'il n'a été tenu compte de la vulnérabilité particulière des populations rurales.
Depuis 22 ans la Corse attend la mise en place d'un registre des cancers.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

S'il y a plus de cancers c'est parce que maintenant on les cherche !...
Le nuage n'a rien provoqué "en direct" car la loi en 1/d*d le lui interdit simplement car le nuage étant à 4000 m d'altitude son effet au sol est à peine 1/16 000 000ème de sa dose propre. Pour que la radio-activité (RA) devienne un danger réel IL FAUT qu'elle soit ABSORBÉE, les produits qui concentrent la RA sont par exemple les champignons, il n'y en avait pas au moment du passage du nuage car c'était le printemps. Pour la salade, la quantité à ingurgiter pour mesurer une RA est telle que personne n'a pu en acheter suffisamment... Enfin, le nuage est passé en quelques heures !
Il est scientifiquement démontrable que le nuage N'A PAS PU engendrer les effets qu'on lui reproche !
Quand cessera donc cette mascarade où des illuminés ont davantage d'audience que les scientifiques qui savent de quoi ils parlent ?...

Anonyme a dit…

Un anonyme qui ne semble pas malade qui a bien lu son magazine scientifique pour enfant dédicacé par le professeur Pelerin et qui ne connait pas la CRI-RAD semble t'il... quelqu'un qui a du cran pour un anonyme.