samedi 7 juin 2008

M. David-Jougneau: ROMPRE LE SILENCE AUTOUR DE L’AFFAIRE BANDAJEVSKY

ROMPRE LE SILENCE AUTOUR DE L’AFFAIRE BANDAJEVSKY
Rappel de quelques dates pour situer mon propos :

Yuri Bandajevsky, recteur de l’Institut de Gomel en Bélorussie, est arrêté sous le coup d’une loi antiterroriste, le 13 juillet 1999. Il reste 6 mois en prison préventive, puis il est condamné pour corruption, par un Tribunal militaire, à 8 ans de prison à régime sévère, le 18 juin 2001. Vu les irrégularités du procès et l’absence de preuves, il est immédiatement adopté par Amnesty International comme prisonnier d’opinion. Il est manifeste que c’est sa critique de la mauvaise gestion de la catastrophe par le Ministère de la Santé de son pays, et sa théorie sur les méfaits des faibles doses du Césium 137 incorporé qui lui vaut cette condamnation. Une théorie et les résultats de ses recherches qu’il a rendus publiques au moment où l’ON veut tourner la page de Tchernobyl…

QUI : « ON » ?

- Tout d’abord, les autorités du Bélarus, en cohérence avec l’attitude de l’ex-Union soviétique au moment de la catastrophe qui a minimisé les conséquences sanitaires à court et à long terme : des conséquences dont le coût, au demeurant, est insupportable pour un petit pays comme la Biélorussie, dont le territoire a été plus largement contaminé que l’Ukraine.[1]

- « ON » c’est surtout les organismes internationaux, OMS-AIEA, main dans la main depuis leur accord de 1959. Un accord par lequel elles se sont engagées à ne pas prendre de position publique qui puisse nuire l’une à l’autre. Les conséquences de cet accord - qu’un collectif d’associations « Independent WHO[2] dénonce devant le siège de l’OMS, à Genève, depuis le 26 avril 2007 - sont considérables. Dans la conférence de Kiev, qui se tient quelques jours avant la condamnation de Bandajevsky (en juin 2001) et que W. Tchertkoff a filmée dans son documentaire « Controverses nucléaires »[3], nous voyons avec quelle assurance le représentant de l’AIEA donne le bilan officiel de Tchernobyl, au niveau mondial : 32 morts, 200 grands irradiés, 2000 cancers de la thyroïde qu’on aurait pu éviter… Face à cette parole officielle, les chercheurs et les médecins qui sont sur le terrain n’ont aucun moyen de se faire entendre. Depuis le 5 septembre 2005 ces chiffres ont été « révisés à la hausse : 54 morts, 400 grands irradiés, 4000 cancers de la Thyroïde… Je pense qu’il n’y a pas lieu de commenter ce bilan dérisoire qui relève d’un véritable négationnisme. L’ambassade d’Ukraine en Belgique dénombrait déjà 24000 morts, le 26 avril 2004, parmi les liquidateurs de son propre pays !

SILENCE AUTOUR DE Y. BANDAJEVSKY ET DE TCHERNOBYL

Mais le « ON » peut prendre une forme plus subtile. C’est celle d’un silence cadenassé autour de cette affaire, auquel nous nous sommes heurtés en tant que Comité Bandajevsky et sur lequel je voudrais aujourd’hui revenir.

Le Comité se constitue en juin 2002, fédérant des associations les plus diverses : Amnesty International, France-Libertés, mais aussi Enfants de Tchernobyl Belarus, la CRIIRAD, Sortir du Nucléaire… La lutte du Comité s’articule autour du DROIT à la vérité que nous définissons dans notre texte de référence « Le Manifeste pour la libération de Bandajevsky et la liberté de la recherche ». Ce droit à la vérité, c’est le droit de la chercher pour le scientifique et le droit de la connaître pour les populations ; en priorité celles des zones contaminées, mais aussi nous tous, concernés par un accident possible dans l’une ou l’autre des centrales installées dans le monde, sachant désormais qu’un tel accident ne connaît pas de frontières. C’est bien ce principe du Droit à la vérité qui a été doublement bafoué, dans l’emprisonnement de Yuri Bandajevsky

Que ce droit à la vérité ne soit pas respecté en Biélorussie, régime dictatorial, dernier vestige du régime totalitaire de l’ex-URSS, rien d’étonnant. Mais comment, à notre époque, un savant qui fait des recherches utiles pour l’humanité peut-il être mis en prison sans qu’il y ait une levée de boucliers de tous les scientifiques et politiques des pays démocratiques ? Il y avait là de quoi s’interroger, surtout pour moi qui m’intéresse au problème de la dissidence depuis plus de 30 ans.

1) Le silence de la presse

La stratégie du comité était classique : faire pression, par la protestation publique des citoyens, scientifiques, politiques, sur le président du Belarus, Loukachenko. Pour cela, il nous fallait tout d’abord INFORMER. Nous créons un SITE, fin 2002 , mais dès septembre nous prenons contact avec les médias pour qu’ils fassent « sortir l’affaire. » Quelle ne fut pas notre surprise ! Pendant 6 mois, à part le Figaro qui fait mention de Bandajevsky en novembre 2002, dans des termes brefs mais corrects, aucun des quotidiens nationaux n’écrit une ligne sur Bandajevsky. Pourtant, au journal Le Monde les deux journalistes, tour à tour en charge des pays de l’Est que nous avons contactés, manifestent un grand intérêt pour cette affaire et nous promettent un article dans les 8 jours… De son côté, une journaliste de Libération interviewe Galina Bandajevskaïa, invitée à Paris le 25 janvier 2003 par Amnesty internationale. Sans qu’aucun article ne sorte dans les mois qui suivent.

Contre ce qui semble être un blocage de l’information, nous faisons alors signer notre « Manifeste » à une trentaine de personnalités reconnues : Hubert Reeves, P. Vidal-Naquet, Danielle Mitterrand etc. Ainsi labellisé, le Manifeste paraît dans Le Monde du 25 avril 2003. Il va recueillir 15.000 signatures dont une vingtaine de Professeurs de Médecine…. À partir de la lecture de ce petit texte paru dans Le Monde, le responsable de la revue de cardiologie « Cardinale » prend contact avec nous et décide de publier un article scientifique de Bandajevsky sur la « cardiomyopathie au césium 137 chez les enfants » : le mur du silence se fissure un tout petit peu.

Ceci dit, il n’y a toujours pas eu d’article de fond sur Bandajevsky ni dans le journal Le Monde, ni dans Libération, deux ans après sa condamnation, 4 ans après le début de cette affaire ! Cependant un journaliste du journal Le Monde va au Belarus et revient convaincu que ce que nous disons sur la situation à propos de l’état de santé des enfants dans les zones contaminées est conforme à la réalité. Il a la matière de 4 articles, dont un sur Bandajevsky, dont la publication est remise au lendemain, de semaines en semaines… Si l’article ne paraît pas avant la fin juin, il ne trouvera pas sa place dans la formule estivale du quotidien, mise en place début juillet. Un concours de circonstances va, par chance, nous aider…

Dans notre Manifeste, nous incitions les Municipalités à nommer de Bandajevsky « citoyen d’honneur ». Vingt-quatre municipalités et Conseils Régionaux vont répondre à cet appel. Dont Paris qui décide de le faire nommer citoyen d’honneur, fin juin 2003 . Nous apprenons que Galina Bandajevskaïa est alors en France pour accompagner des enfants du Belarus. Nous parvenons à la faire venir pour le jour et l’heure dits et à obtenir qu’ARTE fasse un reportage à l’Hôtel de Ville.

J’envoie alors aux deux journalistes du Monde et de Libération dont les articles sont en attente, un mail les avisant qu’ARTE va faire un reportage sur une affaire dont leur journal n’a encore jamais parlé… Ce message, répercuté à leur direction fait mouche : le 24 juin, Le Monde sort un excellent article sur Bandajevsky, et le 25 Libération celui sur Galina, prêt depuis janvier. L’article du Monde dans lequel Bandajevsky va se reconnaître - quand Galina pourra le lui remettra dans sa prison - ainsi que l’article scientifique de la revue Cardinale, vont l’aider à sortir d’une période de profonde dépression, lui signifiant qu’il n’est pas complètement abandonné au pays des Droits de l’Homme…

On s’interroge sur les valeurs qui ont motivé les choix des comités de rédaction des différents médias, et leur réticence face à l’affaire Bandajevsky où se joue pourtant un principe aussi fondamental dans nos sociétés occidentales que le droit à la recherche de vérité. La même affaire, dans les années 1970 ou 80 aurait fait la “une” des journaux. À croire que si on s’intéressait tellement aux dissidents des pays de l’Est, en France comme en Occident c’était moins pour les valeurs qu’ils défendaient que parce qu’on y voyait un “cheval de Troie” pour ébranler le système politique des pays en cause.

Youri Bandajevsky, ce scientifique pur qui n’avait rien d’un dissident politique est sans doute lui aussi et bien malgré lui, par sa recherche, un “cheval de Troie” : celui de la petite recherche scientifique qui vient s’affronter à la citadelle du secret et des mensonges dont s’entoure le nucléaire depuis Hiroshima. Est-ce là le dilemme pour les médias : rendre compte du parcours de ce Cheval de Troie en prenant quelques risques de déplaire, ou défendre la citadelle fortifiée par tout l’etablishment, qui, surtout en France, est pro-nucléaire ?

2 ) Bandajevsky, « Docteur Honoris Causa » de l’Université de Méditerranée

Il n’y a pas que l’attitude des médias qui nous a interpellée dans cette affaire... Notre Manifeste suggérait aux Universitaires de nommer Bandajevsky « Docteur honoris causa ». Le 9 mars 2004, sur proposition d’Amnesty International, l’Université de Méditerranée (Aix- Marseille), décide à l’unanimité d’attribuer ce titre à Yuri Bandajevsky ».

Mais, à la rentrée universitaire qui suit, le Président de l’Université a changé. La responsable d’Amnesty International - qui a transmis toute l’information sur Bandajevsky - n’est pas invitée à la remise de citations qui a lieu le 25 novembre 2004. Elle récupère néanmoins une invitation inutilisée et témoigne de l’étrange discours du nouveau Président qui « regrette l’absence de Bandajevsky qui n’a pas été autorisé, dit-il, à quitter le territoire de Biélorussie ». Sans en donner la cause, à savoir qu’il est à ce moment « en relégation »… Pas un mot sur ses années d’ emprisonnement. Pas une ligne, bien sûr, ni dans la presse locale, ni dans la presse nationale pour rendre compte de cette distinction, rendue à huis clos et restée quasiment clandestine. On ne peut que s’interroger sur cette manière de transformer cette citation en « non-évènement »…

3) L’alerte internationale au niveau des Académies des sciences.

Un troisième épisode relatif au soutien vient renforcer cette interrogation. En 2005, nous contactons les Académies des Sciences européennes afin qu’elles prennent position sur cette affaire. François Jacob, qui, dans le cadre du CODHOS (Comité de Défense des Hommes de Science de l'Académie des Sciences), a déjà fait une motion de soutien en janvier 2003, fait remonter notre demande à l’Académie de Washington qui a l’initiative de la défense des droits des chercheurs, au niveau international. Cette Académie mère lance une « alerte » auprès des 165 Académies qu’elle coordonne dans le monde, leur demandant d’intervenir auprès des ambassadeurs de leur pays au Belarus, d’écrire à Loukachenko et autres dignitaires du régime. Le texte de l’alerte qui nous est communiqué est un bon texte et nous nous empressons de le mettre sur notre Site. Mais, dans les heures qui viennent, début août 2005, je suis jointe par mail et par téléphone par la responsable de l’Académie, me demandant de retirer ce texte qui ne doit pas être rendu public. Si nous passions outre, elle arrêterait l’action ! Elle m’assure que ce n’est pas spécial pour l’affaire Bandajevsky, mais que cela correspond à leur mode d’action pour la défense des droits des chercheurs...

4) Ne pas faire de vagues

Tout converge, semble-t-il, pour ne pas rendre publique cette affaire. Tout se passe comme si, Bandajevsky ayant jeté un pavé dans la marre, avec sa théorie nouvelle du danger des faibles doses des radionucléïdes ingérées et incorporées, on essayait de minimiser les vagues déclenchées par l’évocation cette affaire. Des vagues en formes de nouvelles questions :

- Qu’en est-il des conséquences réelles et à long terme de Tchernobyl, non seulement en Ukraine, Biélorussie et Russie, mais aussi dans certaines régions de France et des pays européens dans lesquels le nuage de Tchernobyl a déposé des radionucléïdes à durée d’activité variable ?[4] Nous apprenons, par exemple, par le Guardian du 13 avril 2006, que 20 ans après Tchernobyl, au Pays de Galles, 200.600 moutons restent interdits de déplacement, pour cause de radioactivité. Ils étaient 4 millions en 1986.[5]

- Qu’en est-il des effets des rejets des centrales nucléaires et des conditions sanitaires pour ceux qui vivent à proximité. ?

RÉSISTANTS À LA DÉSINFORMATION

Celui ou celle qui pose ces différentes questions se voit immédiatement taxé d’ être « antinucléaire », rétrograde, voire mauvais patriote… Dans ce contexte, ceux qui, sans être des anti-nucléaires convaincus, ont soutenu Bandajevsky publiquement, au nom de la liberté de la recherche, ont été des sortes de « résistants » à la désinformation dominante, sous-tendue par le silence de l’etablishment scientifique.

À Grenoble, c’est exemplaire : c’est le Musée de la Résistance et de la Déportation de l’Isère, creuset d’une future Maison des Droits de l’Homme de l’Isère, qui soutient dès octobre 2002 les initiatives publiques du Comité… Inversement, les responsables des Facultés de Médecine et des Sciences n’ont pas même accusé réception des dossiers envoyés.

À côté de soutiens de Municipalités parfois frileux, il y en eut de francs, qui transformèrent la citation de Citoyenneté d’honneur en « évènement » pour la ville. Par exemple, la Municipalité d’Auxerre qui édita le texte du Manifeste sous la forme d’un très grand Livre, dans lequel chacun pouvait se sentir honoré d’apposer sa signature.

Pourquoi ces gestes publics sont-ils si importants dans ce type d’affaire ? Parce qu’il s’agit de transformer l’image du paria, en prison … en celle d’une personne respectable qui s’est comportée d’une façon singulière, dans une action dont on est invité à retrouver le sens et la portée symboliques. Le problème est de toute époque… Il y a vingt-cinq siècles Socrate, à son procès, s’adressait à ses juges : « Quelqu’un de vous dira peut-être… : d’où sont venues ces calomnies répandues contre toi ? Tu prétends que tu ne fais rien de plus extraordinaire que les autres ; mais tu ne serais sûrement pas l’objet de tant de bruits et de racontars, si tu ne faisais pas autre chose que les autres ?[6] »

D’où notre interrogation : Bandajevsky, qu’a-t-il fait de si extraordinaire, de hors-norme qui puisse expliquer le peu de soutien spontané de ses collègues scientifiques, dès sa condamnation en 2001..

Car c’est bien ce qui nous interpelle le plus. Bandajevsky a été mis en prison sans que ses collègues chercheurs protestent bruyamment au niveau international… Pour ses collègues biélorusses ou même de l’ex-URSS, on le comprend. Puisqu’il s’agissait, par cette sanction, de signifier que le pouvoir politique entendait conserver la mainmise sur l’information. Il fallait être héroïque comme Nesterenko pour simplement maintenir des liens avec la famille de Yuri en prison. Mais ses collègues occidentaux, qui n’étaient pas sous une telle menace, qu’ont-ils faits ?

Personne n’ayant ajouté foi à la culpabilité de Bandajevsky concernant l’histoire des pots de vin, qu’est-ce qui a empêché ses collègues chercheurs, à l’échelle internationale, d’organiser eux-mêmes, dès 2001, une action, en prenant la tête d’un mouvement de défense de Bandajevsky et de la liberté de la recherche, qui aurait eu un tout autre impact public, s’il avait été initié par ses pairs ? Question qui en soulève immédiatement une autre : qu’en est-il de l’indépendance de la recherche dans le domaine du nucléaire ? Que risquaient, par exemple, des chercheurs du CEA en organisant une protestation et un soutien publics à Bandajevsky ? Sans doute, seule une enquête comparable à celle effectuée sur l’entreprise Monsanto, nous permettrait d’évaluer avec précision le poids du lobby nucléaire et les réseaux de son pouvoir qui produit de l’autocensure tant dans les médias que chez les scientifiques...

Mais j’ajouterai une autre considération:

Certains scientifiques occidentaux reprochent sans doute à Bandajevsky d’avoir rendu publiques ses recherches avant qu’elles aient été homologuées par la communauté « internationale ». Une communauté scientifique (de langue anglaise), qui néglige par ailleurs les études effectuées en langues slaves… Yablokov dans son livre remarque que « le Rapport du « Forum de Tchernobyl » (2005), largement vanté par l’OMS et l’AIEA comme le tableau « le plus complet et le plus objectif » des conséquences de la Catastrophe, ne mentionne, au chapitre de son analyse des conséquences sanitaires de la Catastrophe, que près de 350 publications, pour la plupart en langue anglaise. La liste des documents utilisés pour le présent ouvrage, dit-il - contient près de 1000 titres mais nous avons utilisé en tout plus de 5000 articles publiés ou placés dans Internet, surtout en langues slaves. [7] » Or, Bandajevsky était en dialogue avec la communauté scientifique de langues slaves. La conférence de Kiev en 2001 (filmée par W. Tchertkoff) montre ce clivage entre les chercheurs de terrain dans les territoires contaminés qui soutiennent la thèse de Bandajevsky et la fermeture totale des représentants de l’AIEA, de l’UNSCAER, qui refusent l’idée même d’une contamination interne et le problème des faibles doses.

Quand Bandajevsky rend publiques ses recherches en 1999, il pense qu’il est urgent de modifier les pratiques dans les zones contaminées, ici et maintenant, face au déni des conséquences sanitaires qui s’organise. Il agit comme un « lanceur d’alerte » pour des raisons éthiques, visant à informer à la fois les populations et les autorités politiques des dangers de la contamination interne par le Césium 137, qu’il étudie dans son Institut depuis près de 10 ans.

Il est intéressant de comparer avec la situation inverse, que nous avons connue en France à propos de l’affaire du sang contaminé. Au cours du procès qui s’en suivit, il fut reproché par un juge, aux médecins inculpés, de ne pas avoir « alerté » l’opinion en rendant publics les risques des transfusions sanguines pour la population. Même s’il fallait, pour cela, sortir de leur réserve déontologique et même si les risques ne pouvaient à l’époque être évalués avec une précision scientifique, puisqu’on ignorait combien de séropositifs pouvaient aller vers le Sida…

On voit bien qu’il y a là un véritable problème entre le temps qu’il faut pour établir une vérité incontestable et incontestée, - surtout compte tenu de l’action des lobbys qui la freine - et la nécessité parfois d’intervenir, à partir des données qu’on a déjà recueillies, même partielles, là où il y a un risque majeur pour la santé des populations. Il existe, en droit, la notion d’État de Nécessité : « Quiconque commet un acte punissable, pour préserver d'un danger imminent et impossible à détourner autrement, un bien juridique lui appartenant ou appartenant à un tiers, agit de manière licite s'il sauvegarde ainsi des intérêts prépondérants. On peut s’en inspirer pour réfléchir à la situation du lanceur d’alerte qui, par nécessité peut transgresser les codes ou ne pas respecter certaines procédures, pour le bien des populations concernées.

Une certaine communauté scientifique continue à se parer de l’idéal de « neutralité » et de l’image du savant dans sa tour d’ivoire ? Or, si la démarche scientifique exige incontestablement une parfaite honnêteté intellectuelle et une parfaite rigueur, on peut se demander, à une époque où les intérêts financiers s’immiscent dans tous les domaines, y compris ceux de la science, si le scientifique « lanceur d’alerte » qui se sent responsable d’éclairer le citoyen quand celui-ci est en danger, n’est pas une nouvelle figure des plus précieuses, dont la place et la valeur devrait être reconnue, et dont les droits devraient être protégés, à la fois par une législation internationale, mais aussi par la vigilance de citoyens, informés par des médias indépendants. C’est là une protection dont la liberté de la recherche aurait bien besoin dans le domaine du nucléaire qui nous occupe ici. La solution, bien sûr la meilleure, étant la création d’instituts réellement indépendants…












[1] Pour une information sur l’affaire Bandajevsky, cf le site d’archives du Comité Bandajevsky : http://tchernobyl.verites.free.fr
[2] Cf.. http:// www.independentwho.info
[3] On peut visionner le documentaire sur internet sur le site :http://www. alerte-verte.com ou se procurer le DVD
[4] Cf. Contaminations radioactives, Atlas France et Europe, CRIIRAD et A. Paris Ed, Yves Michel
[5] http://www.guardian.co.uk/country/article/0,,1752683,00.html

[6] Platon, Apologie de Socrate.
[7]A .V Yablokov, V.B.Nesterenko, A.V.Nesterenko, Conséquences de la catastrophe pour l’homme et la nature, Saint-Pétersbourg,« NAOUKA », 2007.

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