vendredi 4 juillet 2008

Scandale au Tricastin : plus de 770 tonnes de déchets radioactifs enfouis depuis plus de 30 ans à même le sol, en toute illégalité !

Scandale au Tricastin : plus de 770 tonnes de déchets radioactifs enfouis depuis plus de 30 ans à même le sol, en toute illégalité !
La CRIIRAD demande la publication d'un bilan exhaustif, la reprise de la totalité des déchets et la décontamination intégrale du site.

Le site nucléaire du Tricastin est implanté à la limite des départements de la Drôme et du Vaucluse, sur le territoire des communes de Pierrelatte, St-Paul-3-Châteaux et Bollène. Il englobe 8 Installations Nucléaires de Base (INB1), plusieurs Installations Classées pour la Protection de l'Environnement (ICPE) ainsi que l'Installation Nucléaire de Base Secrète (INB-S) du CEA-Cogéma.
A diverses reprises dans le passé, le laboratoire de la CRIIRAD a mis en évidence des niveaux d'irradiation anormalement élevés en limite du site nucléaire du Tricastin. Ces contrôles révélaient des défauts d'application des règles de radioprotection et soulevaient d'importantes questions sur l'exposition des travailleurs intervenant à l'intérieur du site.
Les niveaux les plus irradiants étaient identifiés sur le côté Ouest, au niveau du parc à fûts et du portail d'entrée AREVA - SAUR : de l'ordre de 400 coups par seconde (c/s) relevés au DG5 pour un bruit de fond normal d'environ 60 c/s.
Une autre zone anormale, bien que moins marquée (130 à 140 c/s), était repérée sur le côté Est, au nord des installations EDF et COMURHEX, au droit d'une sorte de tumulus. Ce tumulus est situé dans le périmètre de l'INB-S dont le CEA est propriétaire et Cogéma (AREVA
NC) l'exploitant.
Les recherches documentaires que nous avons effectuées conduisent à considérer que le rayonnement détectable sur le chemin des agriculteurs pourrait provenir du tumulus lui-même. En effet, il ne s'agit pas d'une simple butte de terre mais d'un amoncellement de déchets radioactifs et chimiques directement enfouis dans le sol !
ANALYSE DES INVENTAIRES ANDRA
L'Agence nationale des déchets radioactifs (ANDRA) publie depuis 1993 un inventaire national des déchets radioactifs. Le premier inventaire ne mentionne ni le tumulus, ni même l'existence des déchets. Les inventaires publiés de 1994 à 1999 consacrent une fiche aux déchets radioactifs de l'INB-S CEA- COGEMA de Pierrelatte (fiche référencée RHO 28, puis RHO 28B). Ils sont présentés comme des « déchets d'exploitation et d'assainissement issus des installations d'enrichissement de l'uranium par diffusion gazeuse et traitements chimiques ».
Il s'agirait de « déchets de barrières de diffusion gazeuse, fluorures, boues chromiques » pour une activité totale de 42 GBq et de « déchets divers, gravats.
» pour 8 GBq. La fiche indique qu'il s'agit d'un entreposage mais ne fait aucune allusion au fait que les déchets ne sont pas dans des modules bâtis mais ont été directement enfouis dans le sol.
Il faut attendre l'inventaire ANDRA de 20022 pour apprendre que les déchets des installations de production d'uranium enrichi à usage militaire ont été « enfouis entre 1969 et 1976 dans une butte de terre d'un volume d'environ 15 000
m3 ». La terre, qui recouvre les déchets, les dissimule à la vue mais pas à l'action délétère des eaux météorites. Il s'agit d'une violation caractérisée des règles de stockage qui doivent garantir que les déchets sont isolés de l'environnement et qu'il est possible de les contrôler et, si nécessaire de les reconditionner. Ces pratiques sont choquantes y compris pour le début des années 70.
On ne peut exclure que l'ANDRA ait souhaité occulter les conditions de stockage scandaleuses de ces déchets mais le plus probable est qu'elle ne fasse que répercuter les informations que l'exploitant veut bien communiquer.
La CRIIRAD a
pu constater sur plusieurs dossiers que l'Agence nationale n'effectue aucun contrôle sur le terrain et que l'analyse critique des données des exploitants est très insuffisante3. Les informations contenues dans les inventaires doivent donc être considérées avec beaucoup de recul.
LE CONTENU DU TUMULUS
Si l'on se réfère à l'inventaire ANDRA plus récent (publié en 2006, avec une mise à jour à mai 2005 pour la fiche RHO-43), l'amoncellement de déchets radioactifs serait constitué de :
- déchets radioactifs provenant des 4 usines militaires de séparation isotopique (usines militaires basse, moyenne, haute et très haute correspondant respectivement à de l'uranium faiblement, moyennement, fortement et très fortement enrichi, soit plus de 90% d'uranium 235). Ces déchets seraient constitués de barrières de diffusion pour une masse totale de 760 tonnes.
L'ANDRA ne donne aucune précision ni sur la composition des déchets, notamment sur leur teneur en uranium 235, ni sur les éventuels risques de criticité ;
- des déchets de catégorie TFA-VL - très faible activité mais vie longue (en l'occurrence, très, très longue) - constitués de filtres de conditionnement (46
m3) et de fluorines ((14 000 m3) ;
- de déchets toxiques sur le plan chimique (chrome trivalent notamment) présentés comme exempts de radioactivité (mais sans précision chiffrée, en particulier sur les protocoles de contrôle ni sur les seuils de détection).
L'ANDRA indique qu'il s'agit de boues issues de la station de traitement des effluents, sans préciser le volume ou le tonnage déversés sur le tumulus.

LES DEMANDES DE LA CRIIRAD
Sur la base des investigations conduites par son laboratoire et des messages alarmants qui lui sont parvenus, la CRIIRAD demande :
1- la communication d'un état détaillé de la structure du tumulus et des déchets radioactifs et chimiques qu'il contient : descriptif de l'emplacement initial (présence d'une dalle de protection, d'un réseau de drainage. ou absence totale de protection de la nappe contre les infiltrations d'eau ?
amoncellement à
partir du niveau du sol ou en profondeur ? etc.) ; historique des déversements :
dates, volumes, masses, nature des conditionnements (s'il existe), masses de terre utilisées pour le recouvrement, etc.
2- la reprise des déchets, leur caractérisation, leur reconditionnement éventuel (vérification de l'étanchéité des fûts, de leur absence de contamination
externe) et leur transfert vers des installations d'entreposage ou de stockage ad hoc ;
3- le contrôle radiologique et chimique de la terre dans laquelle les fûts et autres déchets ont été enfouis et, si nécessaire, le conditionnement et le stockage des volumes contaminés ;
4- l'autorisation d'accéder au site afin d'effectuer des mesures radiamétriques et spectrométriques au niveau du tumulus et de procéder à des prélèvements d'eau au niveau des piézomètres afin de vérifier si les informations relatives à la contamination des eaux souterraines sont avérées ou relèvent de la rumeur.
La CRIIRAD a en effet reçu récemment plusieurs courriers et appels téléphoniques de travailleurs intervenant sur le site du Tricastin l'alertant sur des dysfonctionnements graves, et notamment 1/ sur l'érosion que subit le tumulus de déchets (pluie, vent.), érosion qui a mis à jour récemment un certain nombre de fûts et qui a été traitée en déversant une nouvelle couche de terre sur les déchets ; 2/ sur la contamination (chimique et radiologique) de la nappe située au droit du site.
L'URGENCE
Les interventions doivent être conduites dans les meilleurs délais.
En effet,
plus le temps passe, plus le nombre de fûts corrodés et éventrés
augmente, plus
augmentent les risques de pollution du sol et des eaux souterraines,
le nombre
de personnes exposées aux rayonnements émis par le tumulus et les
risques de
contamination par inhalation de gaz et d'aérosols radioactifs.
Cela fait plus de 30 ans que ce dépôt illégal de polluants
radioactifs et
chimiques se maintient, en toute impunité, en violation des principes
fondamentaux de gestion des déchets, principes censés garantir la
préservation
de l'environnement et la protection sanitaire des travailleurs et du
public.
Il est choquant de constater que ni l'Autorité de Sûreté Nucléaire
(ASN), ni les
ministères concernés n'ont exigé de mise en conformité et qu'ils
continuent au
contraire d'accorder aux exploitants de nouvelles autorisations. Le
traitement
des pollutions passées et le confinement des déchets toxiques devraient
constituer un préalable à tout nouveau projet de développement.
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1 INB 87 et 88 correspondant aux 4 réacteurs du CNPE EDF ; INB 93
pour l'usine EURODIF d'enrichissement par diffusion gazeuse (Georges
Besse) ; INB 105 pour l'usine COMURHEX de conversion de l'UF4 en
UF6 ; INB 138 pour les installations SOCATRI d'assainissement et de
récupération de l'uranium ; INB 155 pour l'usine TU5 d'AREVA NC
(Cogéma) ; INB 157 pour l'installation de maintenance nucléaire
d'EDF, dite Base Chaude Opérationnelle du Tricastin (BCOT) ; INB 168
pour la future usine SET d'enrichissement de l'uranium par
centrifugation (Georges Besse II) dont la construction a été
autorisée en avril 2007.
2 Il est possible que l'information figure dans l'inventaire publié
en 2000 dont la CRIIRAD ne dispose pas. En 2001, il n'y a pas eu de
publication.
3 Cf. par exemple les dossiers Malvési-Comurhex (aucune mention de la
présence des transuraniens dans les quelques 300 000 tonnes de
déchets radioactifs, disparition du radionucléide clef, le thorium
230, etc) et Gueugnon-AREVA (rien sur les 26 000 tonnes de résidus
radioactifs présents dans le sol du parking du stade de foot, pour ne
citer que les plus récents).

M. Sarkozy annonce un second réacteur EPR :
"Sortir du nucléaire" appelle les citoyens européens à manifester le
12 juillet à Paris
- Cette annonce montre que le lancement du premier EPR a fait l'objet
d'une tromperie
- Les flops de l'EPR en Finlande et à Flamanville suffisent à
condamner ce réacteur
Le Réseau "Sortir du nucléaire" appelle les citoyens européens à
manifester le 12 juillet à Paris (14h place de la République) pour
protester contre les projets nucléaires de M. Sarkozy en général, et
en particulier contre l'annonce de la construction d'un second
réacteur EPR en France. Une Coordination antinucléaire européenne se
tiendra vendredi 11 juillet à Paris et une conférence publique le 12
au soir avec différents intervenants européens. (cf http://
www.sortirdunucleaire.org/12juillet-paris )
L'annonce de la construction d'un second réacteur nucléaire EPR en
France montre que le lancement du premier EPR, dont la construction a
tout juste commencé à Flamanville (Manche), a fait l'objet d'une
tromperie : dans les documents officiels du Débat public organisé à
propos du projet EPR de Flamanville, EDF expliquait que la
construction de ce réacteur lui permettrait "d’acquérir une solide
expérience de construction et d’exploitation de ces réacteurs de
nouvelle génération et d’être prêt le moment venu pour le
renouvellement des centrales" (*).
Or, personne ne peut sérieusement soutenir, après quelques semaines à
peine de chantier, qui plus est marquées par de lourdes déconvenues
et une suspension des travaux par l'Autorité de sûreté nucléaire
(ASN), que EDF dispose d'une "solide expérience de construction et
d’exploitation". La situation est d'ailleurs tout aussi critique sur
le chantier de l'EPR finlandais, qui compte 2 ans de retard et 2
milliards d'euros de pertes. Le lancement d'un second EPR bafoue de
fait clairement les engagements de l'Etat et d'EDF...
Les citoyens européens sont donc conviés à cette manifestation qui se
tient à la veille des 13 et 14 juillet au cours desquels le président
français recevra à Paris de nombreux dirigeants : les 27 pays de
l'Union européenne seront représentés, ainsi que de plusieurs pays du
Moyen-Orient. En particulier, le dictateur libyen M. Kadhafi est à
nouveau invité à Paris par M. Sarkozy.
Un des objectifs principaux du président français, lors de ces deux
journées, sera de trouver des débouchés pour l'industrie nucléaire
française. Pour ce faire, M. Sarkozy veut faire classer le nucléaire
dans la catégorie... des énergies propres et renouvelables, au mépris
de l’évidence scientifique et du sens des mots.
Il est par contre réconfortant de constater que plusieurs pays
montrent la voie à suivre : l'Espagne, l'Allemagne, et la Belgique
ont programmé la disparition de leurs industries nucléaires. De plus,
les enquêtes d'opinion montrent d'ailleurs que près de 90% des
citoyens demandent prioritairement des investissements dans les plans
d'économies d'énergie et de développement massif des énergies
renouvelables, et non dans le nucléaire (**).
(*) http://www.debatpublic-epr.org/docs/pdf/dossier_mo/
synthese_dossier_mo.pdf
(**) L'Eurobaromètre (sondage de la Commission européenne) du 25
janvier 2006 a montré que seuls 12% des européens veulent encore des
investissements dans le nucléaire.
la manifestation du 12 juillet à Paris approche : http://
www.sortirdunucleaire.org/12juillet-paris/
Il reste encore de la place dans les transports groupés organisés
pour s'y rendre. Si vous êtes intéressés merci de vous inscrire au
plus tôt.
Si vous pensez être sur le trajet n'hésitez pas à prendre contact
avec l'organisateur afin de savoir s'il serait possible qu'il vous
prenne au passage.
DEPART DE LYON
Contact : Rhône-Alpes sans nucléaire
Huguette PELLERIN
Tél : 04 78 21 67 99
Email : fantonbr@orange.fr
Plein tarif : 38 €
Départ en car à 6h45, place Bellecour (côté Saône)
Tél Franceline 04 78 21 67 99 (du mardi au jeudi)
Chèque à l'ordre de Rhône-Alpes sans nulcéaire - Huguette Pellerin -
24bis rue Greuze - 69100 Villeurbanne
Retour sur Lyon, le samedi soir vers 23h
En espérant vous voir nombreux à Paris le 12 juillet.
Cordialement,
-- Jocelyn Peyret ---------- Coordination nationale actions & groupes
Reseau Sortir du nucleaire MDA - 67 rue St Francois de Sales Boite L7
73000 Chambery Tel : 04 79 36 13 19 Portable : 06 20 36 57 17 Fax :
04 79 33 95 88 Mail : jocelyn.peyret@sortirdunucleaire.fr Web :
http://www.sortirdunucleaire.org http://www.stop-epr.org
Information relayée par le Réseau Sortir du nucléaire, Fédération de
800 associations - http://www.sortirdunucleaire.org